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«Perfect queens» (NRJ12) : visibilité inédite pour le drag à la télé avec un show enthousiasmant


Crédit photo : Philippe Le Roux, NRJ12.


Des «anges» aux «reines», il n’y a, parfois, qu’un pas. Ce jeudi, NRJ12 met à l’honneur le drag avec «Perfect queens», une soirée orchestrée par une vingtaine de drag queens, prêtes à faire découvrir leur art et à partager leur message de respect et d’acceptation de soi et d’autrui. Une vraie contre-programmation pour la chaîne, mais une bouffée d’air pour la télévision française et son public.


«Drag Race France», saison 5 de «Balthazar» (TF1), chronique hebdomadaire dans «Quotidien» (TMC)… Depuis l’été dernier, les drags semblent bien partie pour se faire une place à la télévision. Présenté comme étant à mi-chemin entre un spectacle et un documentaire, «Perfect queens», diffusé ce jeudi 18 mai à 21h10 sur NRJ12, est un objet télévisuel qui, dans ce registre, sort de l’ordinaire.


Une vingtaine de drags au casting


D’emblée, nous voilà plongé/e/s dans le décor et l’atmosphère feutrée d’un vrai cabaret, en l’occurrence celle de la Nouvelle Eve à Paris. Pour nous guider, pas d’animateur télé ni de voix-off, mais des drag queens.


Pendant une heure et quart, elles sont une vingtaine à se produire à tour de rôle sur scène. Parmi elles, certains noms ressortent, comme Soa de Muse et Kam Hugh, toutes deux candidates de la première saison de «Drag Race France» (Francetv slash/France 2), ou bien Icee Drag On, finaliste de la saison 16 de «La France a un incroyable talent» (M6).


Dernières répétitions, moments de complicité entre participantes, témoignage de la drag queen sur scène au sujet de son parcours, de son univers artistique ou des clichés sur le drag… Chaque performance est entrecoupée de scènes captées dans les coulisses du spectacle. Un mélange des genres entre spectacle et documentaire qui en perturbera et frustrera certainement plus d’un/e, mais qui parvient, dans l’ensemble, à trouver un certain équilibre.


Premier spectacle de drag à une heure de grande écoute à la télévision


Passer la soirée devant «Perfect queens» n’en est pas moins riche en émotions. Le Filip parvient, par exemple, à vous décrocher quelques sourires et rires avec son sketch tout en musique. Le collectif Rice Queens, lui, tantôt surprend par son sens de l’humour et sa créativité, tantôt charme par la poésie de sa danse et la beauté de sa voix. Avec son lypsinc, Soa de Muse, elle, risque d’enflammer la scène du cabaret jusque dans votre salon. De leur côté, Miss Eva Kant et Icee Drag On devraient plutôt vous filer la chair de poule avec leur reprise de «Tu es mon autre», tube de Lara Fabian et Maurane. De quoi donner un bon aperçu de l’éventail des possibilités offertes par le drag à toutes et tous les novices.


«Perfect queens» est surtout l’occasion d’offrir un véritable spectacle de drag à la télévision, qui plus est à une heure de grande écoute. Une première d’autant plus enthousiasmante qu’en se produisant ici loin des plateaux télé et du cadre restreint d’une compétition pour un divertissement, les drags de «Perfect queens» disposent de l’espace et du temps nécessaire pour nous présenter des facettes du drag encore peu montrées et différentes de celles tout aussi intéressantes données à voir jusqu'à maintenant dans l’emblématique concours télé de drag «Drag Race».


Aaliyah Xpress, Madame Wasabi, Rue St. Denis et Chinack prouvent ainsi que des personnes asiatiques font aussi du drag et qu’il est essentiel que le drag soit également représenté par des artistes comme elles dans la mesure où cet art, qui prône le respect et l’acceptation de soi et d’autrui, est nécessairement indissociable d’un discours antiraciste. Par leur présence et leur dialogue avec d’autres artistes issues de plusieurs générations de drag, Galia Salimo et Jenny Bel’Air, figures transgenres des nuits parisiennes, témoignent, elles, que le drag n’a définitivement rien d’un effet de mode récent et que la reconnaissance du drag est simplement arrivée tardivement. Outre des drags queens qui chantent ou qui dansent, généralement sur le devant de la scène, «Perfect queens» fait également la part belle aux comedy queens, des drags qui font uniquement du stand up, comme Le Filip et Coco Ricard, et aux DJ queens, celles qui produisent et mixent de la musique, à l’instar de Julien de Bomerani. Pas de drag kings, toutefois, au casting, eux qui sont pourtant souvent invisibilisés par rapport aux drag queens.


«J’aime bien me dire que le public qui nous verra sur NRJ12 va découvrir quelque chose et que nous, drags, on va leur dire : ‘Regardez ce qu’on peut faire. On n’a pas besoin de se faire la guerre. Apprenez à nous connaître et on va tous pouvoir coexister et être bien’, raconte, durant le programme, la drag queen Manly B. Reste à espérer que l'image d’NRJ12, fortement associée à la télé-réalité et à des programmes de moindre qualité, ainsi que la forte concurrence télé ce jeudi (coucou Audrey Fleurot, «HPI» et TF1), ne fassent pas passer le public à côté de cette belle surprise qui donne envie de voir plus souvent des spectacles de drag à la télévision.

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