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Le casting (n°3) : «Les papillons noirs» (Arte)


Bon, assez travaillé pour aujourd’hui, j’ai bien mérité de me changer un peu les idées ce soir. Et si je regardais ce que me propose la télé en replay ? Alors… Qu’est-ce que je pourrais visionner ? Hum… Tiens, c’est quoi ça «Les papillons noirs» ?



- Bonsoir.

- Bonsoir, bienvenue dans ce casting. Vous êtes «Les papillons noirs», c’est bien cela ?

- C’est exact.

- Vous êtes une série ou téléfilm ?

- Une mini-série, un thriller psychologique plus exactement.

- Ah… Cela m’arrive d’en regarder mais ce n’est pas ce que je recherche en premier...

- Attendez d’en savoir un peu plus avant de me juger, vous risquerez de passer à côté de quelque chose ! Vous allez voir que j’ai de quoi titiller votre curiosité !

- Si vous le dites ! Je ne demande que ça !

- Alors, pour commencer, est-ce que vous êtes sensible aux scènes de meurtre, de tentative de viol et d’avortement ? On me déconseille aux moins de seize ans pour ces raisons, c’est pourquoi je préfère prévenir d’emblée.

- Ah… En théorie, je préfère éviter. Mais en réalité, dans les faits, cela dépend. Ecoutez, continuez et je jugerais par moi-même par la suite s’il s’agit d’un risque que j’ai envie de prendre.

- Très bien. Dans ce cas, voici mon histoire : c’est celle d’Adrien, alias «Mody» (Nicolas Duvauchelle), un auteur tardif d’un premier roman à succès qui se trouve dans une mauvaise passe : il peine à trouver l’inspiration pour écrire un second roman, au grand dam de Nora, sa compagne (Alice Belaïdi), avec qui il essaie d’avoir un premier enfant, sans résultats. En difficulté financière, Adrien accepte donc un boulot de prête-plume proposé par un homme dénommé Albert (Niels Arestrup). Au début, Adrien croit devoir rédiger les mémoires d’un homme malade, qui passe ses vieux jours seul à la campagne, et dont la vie a tourné autour de son histoire d’amour avec une certaine Solange. Seulement, très vite, Adrien comprend qu’il recueille, en réalité, les confessions d’un couple de serial killers qui a sévi au moins une dizaine de fois durant les années 1970. Adrien est alors tenté d’en faire, dans le dos d’Albert, l’intrigue de son nouveau roman. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’il n’a pas été choisi par hasard par Albert et que sa rencontre avec le vieil homme va avoir des conséquences surprenantes et considérables sur sa propre existence.

- D’accord… Quel est votre point fort d’après vous ?

- Oh, je n’en ai pas qu’un seul, mais plusieurs ! Dans la continuité de ce que je viens de vous raconter, je dirais, en premier lieu, mon histoire. Si vous doutez peut-être, à première vue, de l’originalité du récit que je vous invite à découvrir, vous vous rendrez compte que les personnages sont, en réalité, assez difficiles à cerner, comportant souvent des zones d’ombre et une apparence trompeuse, au point où tout le monde, personnages comme spectatrice ou spectateur, est dupé… ou presque. Ainsi, vous mettrez du temps à reconstituer le puzzle, non pas parce que je me serais perdue en cherchant à verser dans la complexité pour la complexité, ni parce que l’histoire ne serait pas assez rythmée, mais parce que je comporte une grande part de mystère, que je dissipe au gré de nombreux rebondissements au fil des épisodes et qui tiennent en haleine jusque la fin, notamment les deux derniers épisodes où tout s’accélère et qui proposent un dénouement inattendu qui risque bien de vous cueillir. Il est difficile de vous en parler sans trop vous en dire mais, je suis aussi bien traversée par la question du consentement, que celle de l’emprise, du traumatisme lié aux violences sexuelles, du processus de création, ou encore de la fiabilité des souvenirs.

- Je vois… Et quels sont vos autres qualités du coup ?

- Incontestablement, l’univers visuelle et sonore dans lequel je baigne et qui rend ma noirceur attrayante. Dès la première scène du premier épisode, vous sentirez qu’un soin tout particulier a été accordé à mon esthétique, en particulier dans les nombreux flashbacks dans le passé d’Albert et Solange qui rythment mon histoire et qui renvoient dans les seventies et les eighties. D’ailleurs, comment évoquer cette première scène sans la musique à laquelle elle est associée, «Nautilus» de la musicienne et compositrice britannique Anna Meredith, qui accompagnera sans nul doute les cauchemars que vous ferez peut-être dans les nuits qui suivront votre présence à mes représentations. Je trouve que ce morceau symbolise bien l’atmosphère sombre, parfois fascinante, parfois malsaine, qui est mienne et que j’essaie de vous retranscrire ici. Mais plus largement, la bande originale composée par Clément Tery, ainsi que la playlist de morceaux repris pour l’occasion par mon réalisateur et co-créateur Olivier Abbou, qui apporte également des chansons rétros ou plus légères méconnues, forgent pleinement l’imaginaire que j’inspire.

- Intéressant ! Ce n’est pas fréquent que la musique soit mise en avant au même titre que l’intrigue. A la rigueur, lorsque cela arrive, il s’agit d’une remarque plutôt réservée aux films. Pensez-vous encore à d’autres qualités que vous souhaiteriez évoquer ?

- Oui, une dernière.

- Laquelle ?

- La performance brillante de plusieurs actrices et acteurs, sans qui je ne serais clairement pas ce que je suis. Je pense à Nicolas Duvauchelle, qui campe à merveille l’écrivain quelque peu désabusé et de plus en plus perdu. Je pense aussi à Niels Arestrup, doublement bien choisi pour le rôle d’Albert, notamment pour le fait qu’il soit très crédible physiquement et dans l’attitude pour jouer un serial killer. (Pour ce qui est de la seconde raison, je vous laisse la comprendre par vous-même à l’issue du dernier épisode.) Et puis, que dire d’Axel Granberger et d’Alyzée Costes, qui jouent Albert et Solange jeunes, si ce n’est qu’iels [pronom neutre, contraction de «ils» et «elles»] sont particulièrement talentueux… ?

- Oui, j’avais vu qu’Axel Granberger a obtenu le prix du meilleur acteur dans la catégorie «compétition française» au festival Séries Mania de Lille cette année pour le rôle qu’il joue dans votre histoire…

- C’est exact. Mais comme je viens de le dire, il était loin d’être le seul à mériter ce prix…

- Bien, parlons chiffres à présent. Est-ce que, par hasard, du monde a suivi vos deux représentations les 22 et 29 septembre dernier sur Arte ?

- Nous pouvons parler de succès, oui. Le premier soir, le premier épisode a attiré environ 940 000 personnes. Arte représentait alors 4,3% de la fréquentation totale du PAF [Paysage Audiovisuel Français]. Le deuxième épisode a ensuite été suivi par 740 000 personnes (3,8%), puis le troisième par 570 000 personnes (5,4%). En ce qui concerne la seconde soirée de représentation, environ 510 000 personnes sont, en moyenne, revenues pour découvrir la seconde moitié de mon histoire, soit 3,1% de la fréquentation totale du PAF ce soir-là. Et c’est sans compter sur le fait qu’avant-même ces deux représentations collectives, Arte m’avait déjà permise de réaliser des représentations privées dans les quinze jours qui les ont précédées, ce qui avait été sollicité 1,5 million de fois, tout épisode confondu, ce qui est considéré comme une très bonne performance pour arte.tv.

- Vous m’en voyez ravi pour vous. Je pense qu’avec tout ce que nous nous sommes dit, mon choix est désormais fait. Avez-vous une dernière chose à ajouter ?

- Oui, même deux.

- Je vous écoute dans ce cas.

- La première, c’est que je tiens à préciser que je suis arrivé au bout de ma tournée chez Arte, si bien que si vous souhaiter assister à l’une de mes représentations privées, c’est encore possible, mais cela se fera désormais chez Netflix.

- Oh, voilà une collaboration étonnante, mais ma foi, pourquoi pas. Et la seconde ?

- La seconde vous intéressera quand vous aurez été séduit à l’issue de mes représentations et que vous en redemandez, ou bien peut-être si vous préférez simplement les romans aux séries. Il se trouve que j’ai un frère, qui vient de publier le fameux roman que Mody, le personnage principal de l’histoire que je raconte, essaie d’écrire tout au long de celle-ci.

- Attendez, quelque chose m’échappe : ce que vous proposez est l’adaptation de ce roman ? Ou bien vous avez brodé une histoire autour de celui-ci ?

- Ni l’un ni l’autre.

- De quoi s’agit-il alors ? D’une retranscription de votre histoire dans un autre format ?

- Non plus. En fait, lors de ma conception, au moment où l’écriture du scénario avait été bouclé et que le tournage était sur le point de démarrer, mes parents Olivier Abbou et Bruno Merle ont contacté une maison d’édition, Les Editions du Masque, pour savoir si cela les intéresserait de donner vie à l’un des éléments caractéristiques de mon histoire, à savoir le roman de Mody. Je sais que Violaine Chivot, directrice de la maison d’édition, a déclaré début septembre à France info que «quand j’ai été contactée début 2021, j’ai trouvé leur idée complètement folle. […] On ne m’avait jamais proposé un projet aussi ambitieux». Mais finalement, après avoir dévoré le scénario en un week-end, elle leur a dit oui. Violaine Chivot s’est alors rapprochée de Gabriel Katz pour l’écrire, un auteur qui a – coïncidence – longtemps été la plume fantôme d’hommes et femmes politiques, de people et d’autres écrivains et écrivaines, mais aussi qui a publié des polars, et qui est, aujourd’hui, notamment scénariste pour la télévision. Mais lui-même a eu également du mal à bien saisir la teneur du projet. Je me souviens que dans le même article, il avait raconté qu’«au départ, j’ai dit non parce que je ne veux plus faire ghostwriter, je l’ai fait pendant dix ans. Et puis je me suis rendu compte que c’était un projet très original, totalement inédit et fascinant, car je suis l’écrivain fantôme d’un écrivain de l’ombre qui n’existe pas… et dont le livre existe maintenant réellement. C’est un truc de dingue !» Gabriel Katz avait aussi expliqué que mes deux parents lui ont laissé une certaine liberté dans l’écriture de ce vrai-faux roman. De tête, il avait dit : «Ils ne voulaient pas d’une copie de la série. Ils m’ont dit : à partir du scénario, tu te mets dans la peau de cet écrivain Mody et tu écris le livre qu’il aurait écrit. J’ai donc gardé les grandes lignes de l’histoire mais je l’interprète et l’imagine comme si j’avais été Mody. C’était amusant, mais aussi un énorme challenge parce que je n’ai eu que six mois. J’ai l’habitude de travailler vite mais cela demandait énormément de tricotage. J’ai dû trouver des angles, creuser d’autres ressorts psychologiques et lever des zones d’ombres que taisait le scénario».

- Waouh… ! Effectivement, je ne m’attendais pas du tout à cela. Cela a tout du produit dérivé ultime, rêvé pour un film ou une série en fait… !

- Oui, nous formons une famille assez unique. Nous nous ressemblons, puisque nous portons le même nom et que nos histoires font toutes deux penser à un polar dans lesquelles évoluent les mêmes principaux protagonistes. Mais en même temps, nous sommes assez différents et nous nous complétons dans la mesure où nous ne racontons pas la même chose à partir de la même base.

- Vous aviez raison, vous avez finalement réussi à titiller ma curiosité !

- Je vous l’avais dit !

- Ecoutez, merci beaucoup de vous être prêtée à ce casting. C’est bon pour moi.

- Merci à vous de m’avoir donné ma chance. Avant d’en rester là, est-ce que je peux me permettre de vous poser une question ?

- Oui, laquelle ?

- Vous avez l’intention de vous rendre prochainement dans un salon de coiffure ?

- Euh… Je ne sais pas. Pourquoi cette drôle de question ?

- Non, pour rien. Je ne vous l’ai pas dit mais, plus jeunes, Albert et Solange ont tenu un salon de coiffure. Et disons que vous risquez de ne plus voir votre coiffeur ou votre coiffeuse de la même manière après avoir assisté à mes représentations…



Alors, convaincu/e ? Vous lancez le replay de la mini-série?



Pour la bande-annonce des «Papillons noirs», c'est par ici.

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