Le casting (n°2) : «21h Médias : 5 ans de #MeToo» (TMC)
Bon, assez travaillé pour aujourd’hui, j’ai bien mérité de me changer un peu les idées ce soir. Et si je regardais ce que propose la télé en replay aujourd’hui ? Alors… Qu’est-ce que je pourrais visionner ? Tiens, un nouveau «21h Médias» ?
- Bonsoir ! Désolé du retard…
- Bonsoir. Tout va bien, vous n’êtes pas en retard.
- Ah… ? Au temps pour moi alors ! J’en suis à ma troisième représentation et contrairement à ce que mon nom indique, j’ai pris la fâcheuse habitude de ne pas être très pointilleux sur l’heure à laquelle je me produis, ça doit être pour ça…
- Je sais. J’ai manqué votre premier documentaire consacré au 11 septembre 2001 à l’occasion des vingt ans des attentats aux USA. En revanche, j’ai pu voir le deuxième en mai dernier, à propos du «crash DSK», et c’était effectivement le cas.
- Oh, j’en suis désolé… Au moins, ici, si vous me choisissez pour une représentation privée, c’est quand vous voulez !
- C’est sûr… C’est déjà ça !
- Et est-ce que je peux me permettre de vous demander ce que vous aviez pensé de mon deuxième numéro ?
- Bien sûr ! Et bien, je dois dire qu’aborder le scandale d’agression sexuelle dans lequel a été impliqué l’ancien homme politique Dominique Strauss-Kahn en 2011 comme une première affaire #MeToo (manquée) avant l’heure en France, je n’avais jamais vu les choses sous cet angle et j’ai trouvé ça très intéressant. De plus, j’avais senti qu’il y avait eu un important travail de recherche et de collecte d’archives derrière. J’en avais, d’ailleurs, découvert certaines d’entre elles qu’à ce moment-là. A mon sens, vous étiez parvenu à balayer le sujet de manière assez complète et synthétique.
- Vous m’en voyez ravi ! Vous devriez apprécier ce nouveau numéro dans ce cas !
- Ah oui ? Tout d’abord, est-ce que vous pouvez me rappeler qui vous êtes ? En fait, j’hésite à faire regarder votre documentaire à des ami/e/s mais je reconnais que je me souviens davantage de vous pour ce que j’ai déjà vu de vous que pour vous en tant que tel, ce qui ne facilite pas les choses pour pouvoir vous recommander…
- Oh, alors, je suis «21h Médias», plus connu comme étant la sœur de «19h30 Médias», qui propose une chronique en représentation du lundi au jeudi soir chez «Quotidien» (TMC) grâce au journaliste Julien Bellver. Le principe est le même : revenir sur ce qui a fait l’actualité à travers son traitement dans les médias. La sensible différence que je propose réside dans le fait que je m’arrête sur une unique actualité seulement, pas forcément récente ici, et qui nécessite davantage que quelques minutes pour pouvoir en faire le tour.
- D’accord. Et donc, pour ce numéro, vous vous êtes replongé dans les archives médiatiques pour proposer un premier bilan du mouvement #MeToo, c’est bien ça ?
- C’est exact, à l’occasion des cinq ans de l’existence de ce mouvement de libération de la parole des femmes et d’écoute de celle-ci vis-à-vis des violences sexuelles et sexistes. Enfin, par «bilan», il ne faut pas l’entendre comme un débat autour des avancées et des enseignements permis grâce à ce mot-clé et tout ce que cela a entrainé. Il faut plutôt le concevoir comme une synthèse de ces cinq dernières années marquées par de multiples révélations et accusations de harcèlement, de violences ou d’agressions sexuelles ainsi que de viols visant des hommes célèbres. Je reviens longuement, dans un premier temps, sur les origines de #MeToo, qui part, comme vous devez vous en souvenir, de l’affaire Harvey Weinstein aux USA à l’automne 2017. Puis, je m’intéresse, dans un second temps, à l’écho que ce mouvement a eu chez nous, en France, des milliers de témoignages partagés avec le #BalanceTonPorc jusqu’aux affaires les plus récentes, comme celle concernant l’ancien journaliste Patrick Poivre d’Arvor, que je présente comme le «Weinstein français». Entre deux, je m’attarde sur les nombreuses résistances et freins que le mouvement féministe a rencontré, que ce soit la «liberté d’importuner» défendue par Catherine Deneuve en 2018, ou bien Adèle Haenel qui «se lève et se casse» lors des César en 2020 suite à la récompense accordée au réalisateur Roman Polanski. Cela offre l’occasion de se remémorer un certain nombre de noms de la trop longue liste d’hommes célèbres qui ont fait l’objet d’accusations ces dernières années : je parle notamment de l’homme politique et ancien ministre Damien Abad, de l’acteur Ary Abittan, du journaliste Jean-Jacques Bourdin, de l’actuel ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, du militant écologiste et ancien ministre Nicolas Hulot, ou bien de l’écrivain Gabriel Matzneff.
- Une bien trop longue liste, effectivement… Et si je fais partie de celles et ceux qui ont plutôt suivi avec attention ces dernières années les rebondissements de ces diverses affaires couvertes par les médias ou découvertes grâce à ceux-ci, j’y trouverais quand même mon compte ?
- Je pense, oui. A moins que vous vous soyez passionné pour ce sujet et que vous ayez vu, lu et écouté pas mal de contenus à ce propos, vous tirerez forcément au moins une nouvelle information à l’issue du documentaire. Je pense, par exemple, à l’histoire de Tarana Burke, qui est, d’une certaine manière, la véritable initiatrice du mouvement «Me too», et ce dès 2007…
- Ah oui ? Je ne crois pas avoir déjà entendu parler d’elle pourtant…
- Vous voyez. Et en plus, je vous propose non seulement le récit proposé par Julien Bellver, mais aussi les commentaires et analyses de certaines séquences médiatiques ou actualités liées à «Me too» par de multiples spécialistes, comme Lenaïg Bredoux et Marine Turchi, toutes deux journalistes pour Médiapart et à l’origine de grandes enquêtes sur des affaires de violences sexuelles et sexistes en France, Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, ou encore les journalistes politique Jean-Michel Aphatie et Philippe Corbé.
- Intéressant !
- Et au pire des cas, dites-vous que mon numéro vous fera au moins office de piqûre de rappel, ce qui ne peut pas faire de mal tant il y a de choses qui se sont produites et qui ont été dites à ce sujet durant cette période si vaste.
- Vous avez certainement raison… Parlons chiffres à présent. Est-ce que, par curiosité, du monde a suivi votre représentation le 5 octobre dernier ?
- Ecoutez, je ne vais pas verser dans la langue de bois : non, on ne peut pas dire que ça ait été le cas. Mon documentaire a rassemblé environ 300 000 personnes. TMC faisait partie des lieux les moins remplis du PAF ce soir-là.
- Je vois. Et comment expliquez-vous cet échec ?
- Oh, je pourrais prétendre avoir manqué de publicité. Seulement, juste avant ma représentation, «Quotidien» l’a faite à plusieurs reprises tout du long. Et à ce que je sache, sa seconde partie a intéressé environ 1,6 million de personnes. Cela signifie donc que ces personnes ont quitté les lieux en masse à la fin de «Quotidien». Je ne peux pas non plus affirmer qu’elles cherchaient un contenu plus divertissant à regarder puisque la représentation qui a été la plus suivie ce soir-là a été «Boomerang», un téléfilm proposé par France 2 suivi par 3,1 millions de personnes et qui contait une histoire… de harcèlement sexuel au travail. Remarquez, même sur ces sujets-là, une fiction change toujours un peu plus les idées qu’un documentaire. Peut-être que le jour de diffusion que je croyais, sans le vouloir, favorable en raison des affaires Adrien Quatennens ou Julien Bayou qui occupaient en partie les chaînes d’infos en continu, les talk-shows et les JT, a, en réalité, joué en ma défaveur, du fait d’une possible saturation du public sur ces sujets. Je dirais donc simplement que je ne suis sans doute pas parvenu à convaincre le public devant sa télévision ce soir-là qu’il peut encore apprendre des choses au sujet du mouvement #MeToo et que je pouvais les lui apporter.
- Voilà qui a le mérite d’être honnête au moins. Je pense qu’avec tout ce que nous nous sommes dit, mon choix est désormais fait. Avez-vous une dernière chose à ajouter ?
- Oui. Je propose des représentations privées gratuitement seulement pendant une semaine à compter de ma représentation chez TMC. Ne tardez donc pas trop à vous manifester si vous souhaitez y assister.
- C’est noté. Merci beaucoup. C’est bon pour moi.
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