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L’addition – Septembre 2021


Vous avez fini votre mois ? Vous désirez l’addition ? Très bien, la voici !

Vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actualité médias ces derniers temps ? Pas de panique, Televidilo est là pour vous proposer une séance de rattrapage : chaque fin de mois, revenons ensemble, sous forme d’addition (fin de mois, fin de repas, addition… Vous avez compris l’association d’idées ?), sur les principaux enseignements de ce qui s’est passé à la télévision durant le mois qui vient de s’écouler. Actus, zoom sur la grosse actualité télé du mois, conseils séries ou programmes télé pour vous aider à trouver quoi regarder à la télévision, conseils lecture pour aller plus loin que cette addition pour porter un regard enrichi et critique sur les médias, flashback sur la télé d’il y a un an ou plusieurs années, mois pour mois… Comme dans un repas, ou au cours du mois écoulé, il y en a pour tous les goûts ! Alors ? Vous n’allez pas repartir de ce mois-repas sans l’addition ?



Fact checking. Une petite nouveauté qui pourrait faire le plus grand bien pour recréer un lien de confiance entre certaines citoyennes ou citoyens et les médias. Le 8 septembre dernier, LCI proposait un premier débat télévisé dans le cadre de la primaire du camp écologiste en vue de l’élection présidentielle de 2022. Et si, comme c’est souvent le cas dans ce genre de débat, vous vous demandiez si telle ou telle candidate ou candidat a bel et bien avancé des faits ou des chiffres complets et véridiques, la chaîne d’infos en continu avait, cette fois, ce qu’il vous fallait. En effet, un QR code pouvait occasionnellement apparaître en bas à droite de l’écran au cours du débat. Le téléspectateur ou la téléspectatrice était alors invitée à le scanner avec l’appareil photo de son smartphone ou de sa tablette, qui le ou la renvoyait directement sur une page internet de LCI sur laquelle étaient partagées des rectifications ou des informations supplémentaires apportées par l’équipe de vérificatrices et de vérificateurs de la chaîne à propos des affirmations des candidates et candidats. Une manière d’avoir plus de recul sur le fond du débat en temps réel sans que l’apport de ces précisions ne vienne casser le rythme du débat.

Cette opération a été réitéré quelques jours plus tard, le 11 septembre dernier, cette fois sur TF1, lors de son JT de 20h. Ce soir-là, la une proposait une édition spéciale de son journal, consacré au 20ème anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 aux USA. Entre deux interviews et reportages, un QR code était apparu en bas à droite de l’écran. Toutefois, son usage était, cette fois-ci, différent de lors du débat sur LCI. Il permettait, en effet, aux téléspectatrices et téléspectateurs qui le voulaient d’aller plus loin que ce qui avait été diffusé pendant le JT en accédant en ligne au dossier complet dédié à cette actualité sur le site de la chaîne d’infos en continu du groupe, LCI.

La crise sanitaire aura, ainsi, au moins eu le mérite, grâce à l’instauration d’un pass sanitaire, de mieux faire connaître du grand public cette technologie sous-exploitée qu’est le QR code et son fonctionnement, mais également de voir qu’elle peut notamment se transformer en passerelle utile entre la télévision et internet. Une technologie que nous espérons voir être utilisée plus fréquemment à l’avenir à la télévision.




Hommages. Le 6 septembre dernier, le célèbre acteur français Jean-Paul Belmondo est décédé à l’âge de 88 ans. Bien des choses ont été rappelé à son propos depuis, choses qu’il serait trop long et peu intéressant de répéter à notre tour. En revanche, une chose qui peut indirectement en dire long sur Jean-Paul Belmondo et qui a peu été souligné est l’hommage qu’il a reçu à la télévision dans les heures et les jours qui ont suivi son décès.

Captures d’écran de programmes télévisés consacrés à Jean-Paul Belmondo

En haut à gauche : générique de la retransmission de l’hommage national à l’acteur par TF1

En haut à droite : titres du JT de 20h de France 2 le jour de la mort de Jean-Paul Belmondo

En bas à gauche : bande-annonce de la programmation spéciale de C8 en hommage à l’acteur

En bas à droite : édition spéciale de BFMTV à l’annonce de la mort de Jean-Paul Belmondo


Rares ont été les célébrités dont le décès a entraîné une telle vague de déprogrammation à la télé pour se rappeler aux bons souvenirs. Il est vrai qu’il est plus simple pour la télévision de rendre hommage à un acteur ou une actrice qu’à une célébrité ayant exercé une autre profession puisqu’il lui suffit de rediffuser un des films qui a fait sa notoriété. En l’occurrence, Jean-Paul Belmondo laisse derrière lui, au terme d’une cinquantaine d’années de carrière, près de 80 films dont de nombreux d’entre eux sont devenus des classiques du cinéma français, ce qui laissait grandement le choix aux chaînes de télévision. Rien que le soir du 6 septembre, 5 chaînes ont, ainsi, choisi de rediffuser des films avec Jean-Paul Belmondo (France 2, TF1, Arte, W9 et C8), qui ont été suivi, au total, par plus de 9 millions de téléspectatrices et téléspectateurs, soit par 43,8% des personnes devant leur télévision ce soir-là. Le 9 septembre, la retransmission en direct (sur l’ensemble des chaînes d’infos en continu ainsi que, chose rare, sur TF1 et France 2) de l’hommage national rendu à l’acteur depuis les Invalides a, elle, été suivi, au total, par 4,6 millions de téléspectatrices et téléspectateurs, soit 57,9% des personnes devant leur télévision ce jeudi après-midi entre 16h et 17h30. Pour les plus grand/e/s fans de Belmondo, C8 avait même fait le choix de proposer une semaine dédiée à l’acteur en proposant chaque soir (excepté le samedi) un film, un documentaire ou une émission spéciale avec ou sur Jean-Paul Belmondo (soirée suivie à chaque fois par 600 000 à 700 000 personnes). Au total, sur l’ensemble de la semaine, ce ne sont pas moins de 17 films, 7 documentaires et deux émissions spéciales qui ont été diffusé sur l’ensemble des chaînes (hors chaînes d’infos en continu, qui ont, elles aussi, consacré de nombreuses heures à cette triste actualité). Ça aussi, c’était Jean-Paul Belmondo.




Chine. Après avoir dicté la conduite à suivre dans nombre de secteurs, les autorités chinoises s’attaquent désormais à la télévision. En effet, dans un communiqué partagé le 1er septembre dernier, l’autorité en charge de la régulation de l’audiovisuel chinois a fait savoir que «les chaînes de télévision et les plateformes en ligne ne doivent plus diffuser de programmes qui développent l’idolâtrie ou des émissions de variétés et de téléréalité». Cette annonce sonne, ainsi, notamment la fin des télécrochets musicaux, dont le public chinois est assez friand. Autre demande de l’autorité : bannir des médias les hommes «efféminés» et les «influenceurs vulgaires». Selon les autorités chinoises, il serait nécessaire de renforcer et de «promouvoir vigoureusement l’excellence de la culture traditionnelle chinoise» et «la culture socialiste avancée».




Identité visuelle. Quelquefois, nous ressentons le besoin de changer de coupe de cheveux, de style vestimentaire, ou autre, afin de marquer un changement ou une volonté de renouveau. Pour les chaînes de télévision, c’est un peu la même chose. C’est ainsi qu’à l’occasion de cette nouvelle rentrée médiatique, le 29 août dernier, LCI a dévoilé un nouvel habillage (comprenant de nouveaux génériques pour ses programmes, un nouveau jingle pub…) pour accompagner son nouveau plateau. Le logo et l’identité sonore de la chaîne d’infos en continu du groupe TF1 restent, en revanche, les mêmes.

En haut : l’ancien plateau de LCI depuis 2016

En bas : le nouveau plateau de la chaîne depuis le 29 août dernier


Principale différence visible :

le changement d’habillage d’antenne, qui reste, néanmoins sensiblement le même


Nouveauté à signaler : l’installation d’un nouveau «gimmick» dans l’habillage, qui consiste en trois barres verticales qui s’animent de telle sorte à faire penser à une barre de chargement (présente dans le jingle pub, dans l’affichage du logo de la chaîne, en guise de transition entre deux informations dans le bandeau en bas de l’écran…). Cette animation fait quelque peu penser à celle d’une de ses concurrentes, France info, dont l’habillage tourne autour des deux points compris dans son logo, qui s’animent régulièrement sous forme de barre de chargement circulaire dans des jingles.




Vous vous souvenez de notre article interrogeant la possibilité de passerelles entre la télévision et internet à travers l’exemple de Samuel Etienne sur Twitch ? Et bien, depuis juin dernier, il y a du nouveau !

Après quatre mois d’une pause qui devait, à l’origine, ne durer que quelques semaines, le journaliste de France Télévisions a enfin fait son retour sur la plateforme de stream (vidéo en direct en ligne). Cette fois, Samuel Etienne a assuré vouloir repartir sur des bases plus saines avec un rythme davantage de l’ordre du marathonien que du sprinteur (Samuel Etienne avait décidé d’arrêter temporairement Twitch en avril dernier après quatre mois de stream quasi quotidien, en plus de la présentation de la matinale de France info, les tournages du jeu «Questions pour un champion» et de sa vie de famille). Concrètement, «La matinée est tienne» devrait reprendre à raison d’«au moins quatre jours par semaine», avec, comme au printemps dernier, une revue de presse, et parfois des streams avec des invités ou consacrés à une thématique spécifique avec des témoignages de vieweuses ou vieweurs (termes utilisés pour désigner les personnes qui suivent les streams).

Source: Compte Twitter de Samuel Etienne (photo publiée le 3 septembre 2021)





Lors d’un entretien accordé au journal Le Figaro et publié le 9 septembre dernier, la candidate du Rassemblement National (extrême-droite) Marine Le Pen a dévoilé plusieurs propositions qu’elle appliquerait si elle est élue présidente en 2022. L’une d’entre elle concernait sa vision de l’audiovisuel français.


Pour Marine Le Pen, «la privatisation de l’audiovisuel public» est nécessaire : «C’est immédiatement 2,8 milliards de redevance que nous rendons aux français. Nous sommes une grande démocratie, a-t-on encore besoin d’un audiovisuel public de cette taille ? […] Cette privatisation d’un audiovisuel public, dont il est de toute façon de plus en plus difficile de distinguer la spécificité, permettra de consolider le secteur audiovisuel privé qui subit la concurrence de plateformes aux moyens considérables.» Dans le détail, Marine Le Pen explique que «certaines choses doivent être préservées. C’est le cas de l’audiovisuel d’outre-mer par exemple, comme la voix de la France dans le monde. Arte ne sera pas non plus concernée.» En revanche, «l’INA sera transféré au ministère de la culture et intégrera les archives nationales.»


La SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques, qui défend les droits d’environ 50 000 auteurs et autrices issues du milieu du spectacle, de l’audiovisuel, du cinéma et du numérique) n’a pas manqué de réagir à cette proposition d’une des favorites à l’élection présidentielle. Pour la SACD, cette proposition «démagogique» n’est que du «clientélisme électoral» : supprimer la participation des citoyennes et citoyens au financement de l’audiovisuel public via le paiement d’une redevance est une demande fréquemment formulée par les personnes mécontentes de l’offre de programmes à la télévision (pas forcément spécifiquement celle de France Télévisions) ou de la qualité de celle-ci. La SACD déplore que cette proposition «reflète malheureusement une méconnaissance complète de l’offre de programmes du service public, un désintérêt pour la création et une incompréhension de l’économie de l’audiovisuel».


La SACD souligne que privatiser l’audiovisuel public reviendrait à accroître fortement la concurrence au sein du secteur audiovisuel privé, et donc à appauvrir ce dernier, puisque cette concurrence entraînerait nécessairement une restructuration, voire une disparition, de certaines offres de programmes, si bien que la tendance serait davantage à l’uniformisation plutôt qu’à la prise de risque dans le renouvellement de l’offre générale de programmes, ce qui ne semble pas être la meilleure manière de faire face à l’attractivité des plateformes de SVOD en ligne.


La SACD rappelle notamment ensuite que France Télévisions investit environ 420 millions d’euros par an dans la production de fiction audiovisuelle, ce qui fait du groupe un des principaux financeurs et diffuseurs pour la fiction française. Au-delà de désapprouver la proposition de Marine Le Pen pour tout un tas de raisons, priver la création française de cette garantie de financement et de visibilité serait, pour la SACD, un non-sens «pour un mouvement politique qui se veut patriote».




Incontestablement l’emballement médiatique du mois.

Source: Twitter, Ellen Salvi (@ellensalvi), 8 septembre 2021


Comme nous pouvons le constater depuis quelques mois (notamment à travers le sérieux avec lequel a été traité médiatiquement l’engagement politique de l’humoriste Jean-Marie Bigard durant la crise sanitaire et l’hypothèse de sa candidature à l’élection présidentielle), les chaînes d’infos en continu semblent hantées et craindre la réalisation d’un scénario à la «Baron noir» (en référence à la dernière saison de la série politique française), c’est-à-dire de passer à côté de l’émergence d’un ou d’une personnalité politique populiste venue de nulle part qui s’imposerait naturellement en leader ou leadeuse de l’opposition (jusqu’alors peu occupée) au candidat sortant à la prochaine élection présidentielle.


Dernier en date à retenir l’attention médiatique : Éric Zemmour. A première vue, difficile de voir en quoi certains médias voient en lui un potentiel candidat à la présidentielle de 2022. Jusqu’à récemment, ce dernier n’était connu que pour être éditorialiste pour la chaîne d’infos en continu CNews, pour le journal «Le Figaro» et pour le talk-show «Zemmour et Naulleau» sur la chaîne payante Paris Première. Son travail consistait certes à donner son opinion personnelle et à débattre sur l’actualité, ce qui peut être perçu avec une tonalité politique, mais considère-t-on, dès lors, que n’importe quel/le autre éditorialiste nourrit probablement également des ambitions politiques ?


Toutefois, il est vrai qu’Éric Zemmour sème le doute quant à son ambition ces derniers temps. Face à des militantes et militants qui collent des affiches «Zemmour président» dans plusieurs villes, partent à la recherche des 500 parrainages d’élu/e/s nécessaires pour pouvoir se présenter au scrutin, créent des pétitions ou s’affichent de plus en plus dans les médias pour réclamer sa candidature, Éric Zemmour préfère botter en touche ou rester silencieux. Ce qui met la puce à l’oreille des médias et des observatrices ou observateurs politiques, c’est une interview accordée par l’éditorialiste en juin dernier au média en ligne «Livre noir», dans laquelle il affirme hésiter à «passer à l’action», faisant référence à l’écrivain et journaliste Jacques Bainville (1879-1936), estimant ne pas vouloir avoir des regrets comme lui de ne pas s’être investi en politique alors qu’il avait vu clair (à comprendre, comme lui) sur l’état du pays et les solutions à apporter.


Mais depuis début septembre, cette dynamique s’est sérieusement accélérée. Le 8 septembre dernier, au motif de garantir le relatif équilibre du temps de parole des différentes forces politiques en présence en période électorale, le CSA demande aux médias, à compter du lendemain, de «décompter les interventions de M. Éric Zemmour portant sur le débat politique national», estimant que, même si l’éditorialiste n’est pas officiellement candidat à l’élection présidentielle, «M. Zemmour peut être regardé dorénavant comme un acteur du débat politique national, tant par ses prises de position et ses actions que par les commentaires auxquels elles donnent lieu». Résultat : CNews annonce le 13 septembre dernier être contraint de se séparer provisoirement de son éditorialiste star, tout comme Paris Première, quelques jours plus tard, le 21 septembre (Éric Zemmour s’était retiré provisoirement de lui-même du Figaro début septembre, officiellement pour assurer la promotion de son nouveau livre). Une décision qui agace légitimement Éric Zemmour : en effet, tant que l’éditorialiste préférait être ambigu et jouer les hésitants plutôt que de clarifier sa position, il pouvait toujours se servir de son émission quotidienne à une heure de grande écoute (entre 19h et 20h) sur CNews pour dérouler son discours sans contradiction et pour diffuser ses idées. Là, même si Éric Zemmour pourrait se contenter de la visibilité gratuite et considérable que certains médias lui apportent en parlant de lui à longueur de journée ou d’émissions, cela lui complique la tâche. Néanmoins, cette nouvelle ne semble pas trop avoir contrarié la tournée médiatique prévue ces derniers jours par Éric Zemmour pour la promotion de son nouveau livre qui, drôle de coïncidence, vient de paraître pile au moment où l’éditorialiste est et recherche particulièrement la lumière des projecteurs. CNews, France 2, C8, BFMTV, LCI… Nous n’avons finalement jamais autant vu Éric Zemmour à la télévision que depuis qu’il n’a plus ses émissions sur CNews et Paris Première.

Source: Twitter, Éric Zemmour (@ZemmourEric), 17 septembre 2021


C’est d’ailleurs ce qui gêne bon nombre d’observatrices et observateurs politiques et médiatiques. Est-ce que les bonnes audiences que faisait Éric Zemmour sur CNews (entre 600 000 et 850 000 téléspectatrices et téléspectateurs en moyenne chaque soir, contre auparavant entre 100 000 et 200 000 personnes pour l’émission diffusée à la même heure lors de la saison 2018/2019, avant la création de «Face à l’info» avec l’éditorialiste), et qu’il permet à toute émission où il est invité d’avoir, justifient d’accorder une telle couverture médiatique à un homme connu pour ses prises de position racistes (pour rappel, il a été condamné par la justice pour «provocation à la discrimination raciale» en 2011 et «provocation à la haine religieuse envers les musulmans» en 2018), pétainistes, homophobes ou misogynes, et qui ne s’est, qui plus est, pas (encore ?) déclaré candidat à l’élection présidentielle ? Ces mêmes journalistes, éditorialistes et chaînes qui critiquaient, à l’époque, les choix éditoriaux de CNews, l’accusant d’accorder une tribune quotidienne aux idées d’extrême-droite, se retrouvent, ainsi, aujourd’hui, pour certaines et certains, à dérouler autant le tapis rouge à l’éditorialiste que l’a fait la chaîne d’infos en continu du groupe Canal+, ce qui met un coup à la crédibilité des médias dans leur ensemble. «Zemmour est crédité de 10% des intentions de votes dans les sondages. Notre traitement est à la hauteur de ce qu’il est dans l’actu» se défend un cadre de BFMTV cité dans un article du Parisien publié le 19 septembre dernier. Pour l’heure, le service public a, lui, fait savoir qu’il ne parlerait ni n’inviterait Éric Zemmour sur ses antennes tant qu’il ne serait pas officiellement candidat. Le dilemme de parler de Zemmour ou non, ainsi que de quelle manière et dans quelle proportion, se pose, en tout cas, pour de nombreux médias et journalistes, au risque de les mettre dans une position contradictoire. En témoigne l’édition du 19 septembre dernier du «Journal du dimanche», qui proposait un dossier de cinq pages à propos de la potentielle candidature d’Éric Zemmour et mettait l’éditorialiste en une de son édition («Comment Zemmour veut doubler Le Pen»)… et en même temps, proposait un article titré «Les médias pris dans le piège Zemmour».


Pour rappel, d’après un sondage ELABE communiqué le 14 septembre dernier, Éric Zemmour est principalement perçu comme «arrogant» (66%) et «autoritaire» (64%), si bien que seul un français sur 4 (24%) souhaiterait que l’éditorialiste se présente à la prochaine élection. En attendant, au vue de l’audience du débat proposé par BFMTV entre l’éditorialiste et le leader de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon le 23 septembre dernier (3,8 millions de téléspectatrices et téléspectateurs, soit 18,7% du public devant sa télévision ce soir-là ; la chaîne d’infos en continu était arrivée 1ère des audiences en première partie de soirée, devant TF1 ; il s’agissait même de la 2ème meilleure audience historique de BFMTV), pas sûr que l’emballement médiatique autour d’Éric Zemmour ne se calme de sitôt.


Pour en savoir plus à propos de l’ascension médiatique d’Eric Zemmour et de l’évolution de son positionnement politique au cours de celle-ci : https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2021/09/19/eric-zemmour-une-ascension-mediatique-entre-attraction-et-repulsion_6095217_3236.html

Pour en savoir plus à propos des précédents en France en matière de passage d’une personnalité de la sphère médiatique à celle politique, et inversement : https://larevuedesmedias.ina.fr/tentation-politique-journalistes-eric-zemmour-philippe-ballard-candidat-election





Politique. Qui dit mois de septembre dit rentrée, également pour les hommes et les femmes politiques. Cette rentrée politique 2021 a une tonalité particulière puisqu’à moins d’un an de l’élection présidentielle, qui doit se tenir en avril prochain, ce mois de septembre marque également le début officieux de la campagne à l’élection. Parmi les premiers rendez-vous de ce début de campagne : la primaire du camp écologiste et les débats télévisés dans le cadre de celle-ci (un premier débat diffusé avant le premier tour et un second avant le second tour). Cette année, c’est la chaîne d’infos en continu LCI qui a choisi d’organiser ces débats.

Si la primaire a déjà livré son verdict à l’heure qu’il est (Yannick Jadot vient d’être désigné candidat du camp écologique, avec 51% des voix), il ne semble, néanmoins, pas inintéressant de visionner les deux débats si vous ne les avez pas vus, de sorte, si vous ne suivez pas trop ce qui se fait en politique, de se tenir informé/e des idées défendues à l’heure actuelle par le camp écologiste à travers plusieurs des figures qui l’incarnent, de leurs positions sur des questions d’actualité, ainsi que du rapport de force des différents courants au sein du camp écologiste, et ce au-delà du simple candidat qui le représente. L’occasion également de rappeler que la démocratie se fait également à la télévision, qui est un espace public parmi bien d’autres, si bien qu’elle a donc aussi vocation à initier et à faire vivre les débats politiques de la société, malgré les excès en la matière qu’on lui connaît.

En terme de chiffres, le premier débat des écologistes le 8 septembre dernier a été suivi par 200 000 téléspectatrices et téléspectateurs (1% du public devant sa télévision ce soir-là, 2ème chaîne d’infos en continu la plus suivie), tandis que le second débat le 22 septembre dernier a rassemblé un peu plus, à savoir 265 000 téléspectatrices et téléspectateurs (1,3% de part de marché, 1ère chaîne d’infos en continu à ce moment-là).


Lien du premier débat de la primaire écologiste : https://www.youtube.com/watch?v=NOa15iYN-YM

Lien du second débat de la primaire écologiste : https://www.youtube.com/watch?v=GTXbHZH7WT0




LGBT+. Le 30 août dernier, M6 lançait la 16ème saison de sa célèbre téléréalité «L’amour est dans le pré», qui, pour rappel, propose à des agricultrices et des agriculteurs de rencontrer l’amour. Cette saison, il sera particulièrement intéressant de suivre le parcours de Delphine, arboricultrice lesbienne, dont la candidature, même si nous aurions préféré qu’elle soit anodine, est à souligner puisqu’il s’agit de la première personne lesbienne à participer à «L’amour est dans le pré» en seize ans de programme. Cette participation apporte ainsi une visibilité différente pour les personnes LGBTQIA. Oui, contrairement à l’image qui peut être communément véhiculée de l’agriculteur-type, il existe des agricultrices et agriculteurs LGBT+. Et oui, pour ceux et celles-ci, faire des rencontres amoureuses doit être d’autant plus difficile, déjà que les contraintes liées à leur métier ne leur simplifient pas la tâche.

A ce jour, cinq épisodes de la 16ème saison ont déjà été diffusé. Vous pouvez retrouver «L’amour est dans le pré» chaque lundi à 21h10 sur M6.


Lien vers le replay des premiers épisodes de la saison en cours de «L’amour est dans le pré» : https://www.6play.fr/l-amour-est-dans-le-pre-p_857




Si les séries étrangères, en particulier américaines, ont, un temps, largement occupé l’antenne des chaînes télévisées françaises, ces dernières investissent, depuis quelques années, de plus en plus dans la fiction française, une évolution dans l’offre générale de fiction relativement appréciée, voire même réclamée par les téléspectatrices et téléspectateurs. A quel point ? Au point que pour la première fois depuis plus de dix ans, aucune série étrangère ne figure dans le top 20 des séries les plus regardées à la télévision française en 2020, marquée par la montée en puissance de France Télévisions et la domination du genre policier, d’après une étude du CSA partagée le 17 septembre dernier.



Sinon, si vous voulez aller plus loin, vous pouvez aussi directement consulter l’étude du CSA, comprenant une comparaison européenne en matière de fiction télévisée avec l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni : https://www.csa.fr/Informer/Collections-du-CSA/International/Performances-de-la-fiction-en-Europe-en-2020




Nous allons devoir vous laisser, le prochain service est sur le point de démarrer. Nous espérons vous revoir très bientôt ! Peut-être que nous pourrons vous apporter de nouveau l’addition…




Vous désirez en savoir plus à propos des sujets qui ont été abordé ? Ou bien simplement connaître les sources des informations évoquées ? Pas de soucis !


L’apéritif:

Fact checking.

- LCI, Page spéciale et QR code : le 20h de TF1 à New York pour les 20 ans du 11-Septembre, 10 septembre 2021. Article accessible en ligne : https://www.lci.fr/international/edition-speciale-et-qr-code-le-20h-de-tf1-a-new-york-pour-les-20-ans-du-11-septembre-2195951.html

- LCI, Primaire des écolos : le débat décisif vérifié en direct, scannez le QR code sur LCI, 22 septembre 2021. Article accessible en ligne : https://www.lci.fr/politique/primaire-des-ecolos-le-debat-decisif-verifie-en-direct-scannez-le-qr-code-sur-lci-22-septembre-2195644.html

- Twitter, LCI, 8 septembre 2021. Tweet accessible en ligne : https://twitter.com/LCI/status/1435679555503726593


Hommages.

- Christophe Gazzano, Puremédias, Mort de Jean-Paul Belmondo : les chaînes bouleversent leur programmation, 6 septembre 2021. Article accessible en ligne : https://www.ozap.com/actu/mort-de-jean-paul-belmondo-les-chaines-bouleversent-leur-programmation/608196

- Christophe Gazzano, Puremédias, Audiences : quel hommage à Jean-Paul Belmondo a été le plus suivi en prime time ?, 7 septembre 2021. Article accessible en ligne : https://www.ozap.com/actu/audiences-quel-hommage-a-jean-paul-belmondo-a-ete-le-plus-suivi-en-prime-time/608199

- Christophe Gazzano, Puremédias, Audiences : quel score pour l’hommage national à Jean-Paul Belmondo ?, 10 septembre 2021. Article accessible en ligne : https://www.ozap.com/actu/audiences-quel-score-pour-l-hommage-national-a-jean-paul-belmondo/608313

- Nicolas Malaboeuf, Et paf, Succès d’audience pour les hommages télévisuels à Jean-Paul Belmondo, 13 septembre 2021. Article accessible en ligne : https://etpaf7.wixsite.com/website/post/succ%C3%A8s-d-audience-pour-les-hommages-t%C3%A9l%C3%A9visuels-%C3%A0-jean-paul-belmondo


Chine.

- Le Huffington Post, En Chine, des programmes de télé-réalité bannis pour promouvoir une image plus «masculine» des hommes, 2 septembre 2021. Article accessible en ligne : https://www.huffingtonpost.fr/entry/en-chine-des-programmes-de-tele-realite-bannis-pour-promouvoir-une-image-plus-masculine-des-hommes-realite_fr_613092d6e4b0eab0ad947161


Identité visuelle.

- Twitter, lenodal, 29 août 2021. Série de tweets accessible en ligne : https://twitter.com/lenodal/status/1432019857734778880

- Twitter, Valentin Socha, 29 août 2021. Séries de tweets accessible en ligne : https://twitter.com/valentinsocha/status/1432054926897786882



L’entrée:

- Tom Kerkour, Le Figaro, Samuel Etienne va reprendre sa matinale Twitch en septembre, 20 août 2021. Article accessible en ligne : https://www.lefigaro.fr/medias/samuel-etienne-va-reprendre-sa-matinale-twitch-en-septembre-20210820



Ça promet en 2022:

- SACD, Privatisation de l’audiovisuel public : la cancel culture de Marine Le Pen, 9 septembre 2021. Communiqué accessible en ligne : https://www.sacd.fr/privatisation-de-laudiovisuel-public-la-cancel-culture-de-marine-le-pen-0

- Charles Sapin, Le Figaro, Marine Le Pen : «Je veux nationaliser les autoroutes et privatiser l’audiovisuel public», 9 septembre 2021. Article accessible en ligne : https://www.lefigaro.fr/elections/presidentielles/marine-le-pen-je-veux-nationaliser-les-autoroutes-et-privatiser-l-audiovisuel-public-20210908



Le plat de résistance:

- CSA, Le CSA demande aux médias audiovisuels de décompter les interventions de M. Éric Zemmour portant sur le débat politique national, 8 septembre 2021. Communiqué accessible en ligne : https://www.csa.fr/Informer/Espace-presse/Communiques-de-presse/Le-CSA-demande-aux-medias-audiovisuels-de-decompter-les-interventions-de-M.-Eric-Zemmour-portant-sur-le-debat-politique-national

- ELABE, Éric Zemmour obtient 8% des intentions de vote exprimées et «prendrait» surtout des voix à Marine Le Pen, 14 septembre 2021. Détails du sondage accessible en ligne : https://elabe.fr/presidentielle2022-zemmour/

- Europe 1, Eric Zemmour se retire du Figaro le temps de la promotion de son livre, 2 septembre 2021. Article accessible en ligne : https://www.europe1.fr/medias-tele/eric-zemmour-se-retire-du-figaro-le-temps-de-la-promotion-de-son-livre-4064654

- Le Parisien, Télévision : Eric Zemmour n’aura plus d’émission sur CNews, 13 septembre 2021. Article accessible en ligne : https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/tv/eric-zemmour-naura-plus-demission-sur-cnews-13-09-2021-VF27QKN7TVHOZEKF3XUUB3ZOT4.php

- Le Parisien, Après CNews, Paris Première suspend aussi sa collaboration avec Eric Zemmour, 21 septembre 2021. Article accessible en ligne : https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/tv/eric-zemmour-apres-cnews-paris-premiere-suspend-aussi-sa-collaboration-avec-le-potentiel-candidat-a-la-presidentielle-21-09-2021-TCNWOLMKHJD5HLBFIZTKTZUSLU.php

- Benjamin Meffre, Puremédias, Audiences : quel score pour le débat Zemmour/Mélenchon sur BFMTV ?, 24 septembre 2021. Article accessible en ligne : https://www.ozap.com/actu/audiences-quel-score-pour-le-debat-zemmour-melenchon-sur-bfmtv/608781

- Twitter, Guillaume Blardone, 19 septembre 2021. Tweet accessible en ligne : https://twitter.com/gblardone/status/1439535009082314756

- Wikipédia, Éric Zemmour [page consultée le 25 septembre 2021 ; dernière modification de la page le 25 septembre 2021]. Page accessible en ligne : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ric_Zemmour

- YouTube, Livre Noir, Éric Zemmour : les secrets d’une ambition, 6 juin 2021. Vidéo accessible en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=c-4gCW2qUCM

- Michaël Zoltobroda, Le Parisien, «Pour les télés, c’est le Tapie des années 1990» : retour sur la folle semaine médiatique d’Éric Zemmour, 19 septembre 2021. Article accessible en ligne : https://www.leparisien.fr/amp/culture-loisirs/tv/pour-les-teles-cest-le-tapie-des-annees-1990-retour-sur-la-folle-semaine-mediatique-deric-zemmour-19-09-2021-3JC563BHFRGYXGLWYK5NBYYBVI.php?xtor=AD-366&__twitter_impression=true&fbclid=IwAR2HkAE2cG5sZYhpReQcs5TxpU94pEa99UCz-uuaY4L6I5jjNNLivKr8Hlw



Le dessert:

Politique.

- Christophe Gazzano, Puremédias, Audiences : quel score pour le deuxième débat de la primaire écologiste sur LCI ?, 9 septembre 2021. Article accessible en ligne : https://www.ozap.com/actu/audiences-quel-score-pour-le-deuxieme-debat-de-la-primaire-ecologiste-sur-lci/608289

- Benjamin Meffre, Puremédias, Audiences : quel score pour le débat Rousseau/Jadot sur LCI ?, 23 septembre 2021. Article accessible en ligne : https://www.ozap.com/actu/audiences-quel-score-pour-le-debat-rousseau-jadot-sur-lci/608742


LGBT+.

- Florian Ques, Têtu, La saison 16 de «L’amour est dans le pré» accueillera la toute première candidate lesbienne de l’émission, 13 janvier 2021. Article accessible en ligne : https://tetu.com/2021/01/13/la-saison-16-de-lamour-est-dans-le-pre-accueillera-la-toute-premiere-candidate-lesbienne-de-lemission/

1 comentario


Invitado
18 oct 2021

Super article 😁, Très intéressant avec des sujets variés de quoi ravir tout lecteur ! J'attend avec impatience mon prochain restaurant, pour pouvoir lire ma prochaine addition !

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