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L’addition – Octobre 2021


Vous avez fini votre mois ? Vous désirez l’addition ? Très bien, la voici !


Vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actualité médias ces derniers temps ? Pas de panique, Televidilo est là pour vous proposer une séance de rattrapage : chaque fin de mois, revenons ensemble, sous forme d’addition (fin de mois, fin de repas, addition… Vous avez compris l’association d’idées ?), sur quelques découvertes et enseignements à tirer de ce qui s’est passé à la télévision durant le mois qui vient de s’écouler. Actus, zoom sur la grosse actualité télé du mois, conseils séries ou programmes télé pour vous aider à trouver quoi regarder à la télévision, conseils lecture pour aller plus loin que cette addition pour porter un regard enrichi et critique sur les médias, flashback sur la télé d’il y a une ou plusieurs années, mois pour mois… Comme dans un repas, ou au cours du mois écoulé, il y en a pour tous les goûts ! Alors ? Vous n’allez pas repartir de ce mois-repas sans l’addition?



Décès. «Enorme professionnel de la télé», «un des plus grands patrons de la télévision»… la mémoire du journaliste et patron de presse Etienne Mougeotte a été salué par un grand nombre de personnalités de la télévision à la suite de l’annonce de son décès à l’âge de 81 ans, le 7 octobre dernier.

Aux yeux de nombreux acteurs et actrices de la télévision, il a été, avec le PDG de la chaîne de l’époque (1988-2008) Patrick Le Lay, avec qui il travaillait en étroite collaboration, celui qui a fait TF1 (la une a été privatisé en 1987, il a été son vice-président et directeur des programmes entre 1988 et 2007) et qui lui a fait connaître ses grandes heures dans les années 1990 et 2000, avec de nombreux programmes devenus cultes que nous ne pourrions pas tous citer. Encore aujourd’hui, la télévision, en particulier TF1, est incarnée par des figures dont il a lancé ou fait décoller la carrière, à l’instar de Nikos Aliagas, Jean-Luc Reichmann, Arthur, Jean-Pierre Pernaut, ou encore Julien Courbet. A noter : Etienne Mougeotte a également été le président de la chaîne d’infos en continu du groupe TF1, LCI, du lancement de la chaîne en 1994 jusqu’en 2007.


Soulignons tout de même que sa longue carrière dans les médias ne s’est pas limitée à la télévision : se lançant dans le journalisme dans la seconde moitié des années 1960, Etienne Mougeotte a rapidement été propulsé responsable de l’information d’Europe 1, alors première radio de France, de 1974 à 1981. Il a ensuite relancé, tour à tour, le Journal du Dimanche (entre 1981 et 1984) puis le magazine spécialisé Télé 7 jours (entre 1984 et 1987). Après le groupe TF1, Etienne Mougeotte est revenu à la presse écrite, nommé à la tête des rédactions du Figaro de 2007 à 2012. En 2015, il a été l’un des trois hommes à racheter le groupe Valmonde, notamment propriétaire du magazine d’extrême-droite Valeurs Actuelles. Etienne Mougeotte a fini sa carrière comme il l’a commencé, à la radio, en occupant le poste de directeur général de Radio Classique de 2012 à 2018.



Avortement. Le CSA s’est enfin décidé à se positionner. Le 16 août dernier, C8 avait suscité la polémique en programmant en première partie de soirée (ou prime-time pour les puristes) le film américain anti-IVG «Unplanned», qui raconte l’histoire d’une cadre du planning familial qui devient militante anti-avortement. Une programmation qui avait suscité des tensions y compris en interne, puisque les deux voix off de la chaîne Chloé Sitbon et Guillaume Orsat avaient fait savoir à leur direction et publiquement qu’elles ne voulaient pas cautionner le message du film en posant leur voix sur la bande-annonce qui ferait la promotion du film à l’antenne. Consciente du tollé provoqué par cette programmation dès son annonce trois semaines avant, la chaîne avait pris soin, juste avant la diffusion du film, de diffuser un message visant à justifier sa programmation et à clarifier sa position vis-à-vis du droit à l’IVG.

Le message en question affiché par C8 juste avant la diffusion d’«Unplanned»


Comme C8 pouvait s’y attendre, ce message n’a pas suffit à calmer la colère des militantes féministes comme des citoyennes et citoyens ordinaires, estimant que le contenu anti-avortement, comme certains autres types de contenus, ne peut pas se cacher derrière le principe de la liberté d’expression car l’accès à l’avortement est un droit fondamental et non une opinion, si bien qu’un contenu anti-avortement ne devrait pas pouvoir être diffusé à la télévision, encore moins à une heure de grande écoute. Au-delà de l’intrigue du film, certaines personnes s’inquiétaient également des mensonges multiples répandus sur l’avortement dans ce film produit par un studio chrétien évangélique. Plusieurs membres du gouvernement n’ont pas manqué de monter au créneau.

Réactions de la ministre déléguée chargée de la citoyenneté (et ancienne secrétaire d’état chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes) Marlène Schiappa et de la ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes Elisabeth Moreno (Twitter)


Environ 300 000 téléspectatrices et téléspectateurs (soit 1,5% du public) étaient devant C8 ce soir-là.


Cette séquence médiatique aurait pu s’arrêter là, mais plusieurs personnes ont saisi le gendarme de l’audiovisuel, si bien que celui-ci a donc dû examiner ce dossier. Quasiment deux mois plus tard, le 14 octobre dernier, le CSA a rendu son verdict : pas de reproche formulé envers la programmation de C8, mais une critique de l’heure de programmation du film. Soulignant le «climat anxiogène» et «la présence de plusieurs scènes susceptibles de troubler les mineurs de moins de 12 ans» dans le film, le CSA estime qu’il aurait dû être diffusé après 22 heures, d’autant que le distributeur français du film recommandait un avertissement pour les moins de 16 ans, une recommandation qui n’avait pas été suivi par C8, qui l’avait adressé qu’aux moins de 10 ans, probablement afin de s’assurer d’être autorisée à diffuser le film en première partie de soirée. En dehors de cela, le CSA souligne que «Unplanned» est «une œuvre de fiction relevant de la liberté de création» et qu’elle ne peut être «regardée comme susceptible de générer un trouble à l’ordre public». Ainsi, «sa programmation relevait de la liberté éditoriale de la chaîne». Face à un CSA qui fronce les sourcils et donne des petites tapes sur les doigts, nul doute que C8 a dû trembler et va retenir la leçon (absolument pas).



CSA. Ça y est, c’est officiel ! A partir du 1er janvier 2022, ne l’appelez plus CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) mais ARCom (Autorité de Régulation de la COMmunication audiovisuelle et numérique).


Créée en 1972, l’autorité publique de régulation de l’audiovisuel a connu quatre noms différents au cours de son histoire, dont celui de CSA depuis 1989. Ce nouveau changement de nom fait suite à l’adoption récente de la loi relative à la régulation et à la protection de l’accès aux œuvres culturelles à l’ère numérique, qui prévoit notamment la fusion du CSA avec HADOPI (la Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des droits sur Internet). L’objectif de cette fusion est de permettre le renforcement de la lutte contre le piratage des programmes audiovisuels et des œuvres cinématographiques. En étant reconnue compétente «sur tout le champ des contenus audiovisuels et numériques», la protection des mineur/e/s, la lutte contre la désinformation et contre la haine en ligne rentreront ainsi également dans les missions de l’ARCom. Concrètement, la nouvelle instance rassemblera les prérogatives des deux organismes dissouts, mais difficile de savoir si le gendarme de l’audiovisuel montera en grade puisque les pouvoirs et les outils mis à disposition de cette nouvelle instance, s’ils ont été annoncés comme étant plus conséquents que ceux dont disposent le CSA et HADOPI, restent, pour l’heure, flous. Affaire à suivre donc.



Jeux télévisés. L’homme de tous les records. Arrivé courant janvier dans le célèbre jeu du midi de TF1 Les douze coups de midi, Bruno, 30 ans, a fini par tomber sur plus fort que lui.

Après 252 participations, le plus grand «maître de midi» du jeu s’est incliné le 5 octobre dernier. Au cours de ses plus de huit mois de participation quotidienne au programme animé par Jean-Luc Reichmann, Bruno a battu de nombreux records, dont deux symboliques détenus jusqu’alors par deux femmes : celui du plus gros gain remporté dans un jeu télé en France, avec 1 026 107€ (le record avait été obtenu par Marie, candidate au jeu de TF1 Qui veut gagner des millions ? en 2004, avec un million d’euros), et celui du plus grand nombre de participation en solo à un jeu télévisé dans le monde, avec 252 participations (battant le record français détenu par Marie-Christine dans le jeu de France 2 Tout le monde veut prendre sa place en 2018, avec 218 participations). Bon courage aux personnes qui souhaiteront désormais battre les records détenus par Bruno ! Mais que ces personnes voient le bon côté des choses : à présent que Bruno a cédé sa place, elles ont, au moins, plus que jamais leur chance de repartir avec davantage que le lot de consolation par rapport à ces derniers mois !




Vous souvenez-vous de ce qui animait la télévision il y a… un an ?


L’année dernière, à la même date, en octobre 2020, les groupes TF1, France Télévisions et M6 unissaient leurs forces pour lancer officiellement conjointement une nouvelle plateforme de SVOD (service de vidéos à la demande) baptisée «Salto», dont l’objectif principal était de «participer activement au rayonnement de la création française et européenne» face à la rude concurrence exercée par des plateformes de streaming américaines telles que Netflix, Amazon Prime Vidéo ou Disney+. Avec le recul apporté par l’année qui s’est écoulée, il est intéressant de constater ce qui est réellement advenu de ce projet, des retours formulés par le public, des forces, des faiblesses et des défis à venir pour Salto.

Interface de Salto


Si vous désirez en savoir plus sur Salto (et peut-être, au passage, apprendre à faire des saltos, sait-on jamais), Televidilo vous a concocté un article aux petits oignons à ce sujet, article qui vient justement d’être publié. Vous nous en direz des nouvelles ! Pour le consulter, c’est par ici :




Disparu des radars médiatiques depuis le printemps dernier, voilà qu’il tente un retour dans les médias. Le consultant sportif Pierre Ménès est revenu à la charge ce mois-ci, après quelques mois de cure médiatique imposée.


Pour rappel, le scandale médiatique dans lequel Pierre Ménès est englué remonte au printemps dernier. Le 21 mars 2021, Canal+ diffuse un documentaire co-réalisé par une de ses journalistes sportives, Marie Portolano, et son collègue Guillaume Priou, un documentaire intitulé Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste.

Le documentaire est malheureusement introuvable en replay


Dans ce documentaire, Marie Portolano recueille les témoignages d’autres femmes journalistes sportives dont le quotidien est rythmé par du harcèlement de la part de collègues dans leurs rédactions, d’insultes de la part d’inconnus sur les réseaux sociaux et la remise en cause permanente de leurs compétences du fait qu’elles sont des femmes. Problème : Canal+ veut renvoyer une bonne image (ou se donner bonne conscience ?) en diffusant un documentaire puissant et nécessaire susceptible d’alimenter un MeToo dans le milieu de la télévision mais en même temps, la chaîne assume moyennement. Dès lors que les accusations touchent celui qui était alors l’une des principales incarnations du football chez Canal+, ce n’est plus la même. Faut pas déconner non plus. C’est ainsi que plusieurs scènes du documentaire dans lesquelles Pierre Ménès est mentionné ou apparaît sont coupées au montage, à la demande de la direction de Canal+. Cette information, révélée par le site d’information Les Jours, se transforme alors en scandale médiatique. Aussitôt, Marie Portolano tente de calmer le jeu : «L’essentiel, c’est la parole des femmes qui a été intégralement respectée par Canal+. S’il vous plaît, ne l’oubliez pas.» déclare t-elle sur Twitter le jour de la diffusion de son documentaire et de la publication de l’article des Jours.


Pierre Ménès, lui, réagit dès le lendemain sur le plateau de Touche pas à mon poste ! sur C8, chaîne du groupe Canal+.

Capture d’écran du Touche pas à mon poste ! (C8) du 22 mars 2021 (compte Twitter de l’émission)


Face à l’agression sexuelle qu’il a commise sur Isabelle Moreau en 2011 (Pierre Ménès l’avait embrassé par surprise et de force lors d’une émission), celle dont a fait l’objet Francesca Antoniotti en 2016 (une séquence d’une émission, dans laquelle Pierre Ménès l’a également embrassé de force, a ressurgi sur les réseaux sociaux après la parution de l’article des Jours), ou encore les accusations de Marie Portolano elle-même (qui assure qu’il a soulevé sa jupe et attrapé ses fesses en public mais hors antenne à la fin d’une émission en 2016), Pierre Ménès adopte la même stratégie, malheureusement classique dans ce genre de situation : jouer le rôle de la victime. Le consultant sportif évoque d’abord sa maladie (il s’est éloigné des plateaux télés lors de la saison 2016-2017 après avoir subi une double greffe du rein et du foie), qui fait qu’il n’aurait pas été dans son état normal à ce moment-là. Il reconnait ensuite qu’il ne referait plus cela aujourd’hui… parce que «le monde a changé, c’est MeToo, on ne peut plus rien faire, on ne peut plus rien dire», ajoutant qu’il regrette cette époque. Pour Pierre Ménès, tout ceci ne relevait que du «chambrage», et il trouverait ça «insupportable» de ne plus pouvoir chambrer des filles. Pour prouver qu’il n’y a aucune volonté de censure ni de la part de Pierre Ménès ni de Canal+ (la chaîne avait mollement avancé un choix éditorial visant à privilégier les témoignages féminins recueillis), TPMP diffuse avant l’interview l’une des scènes du documentaire coupées au montage, dans laquelle Marie Portolano confronte le consultant sportif aux faits qu’elle lui reproche. En réalité, l’extrait, accablant pour Pierre Ménès, l’enfonce plus qu’autre chose et remet de l’huile sur le feu (quelques jours plus tard, Les Jours dévoile une autre scène du documentaire censurée, dans laquelle Marie Portolano échange avec Isabelle Moreau sur l’agression qu’elle a subi).


Face aux proportions que prend «l’affaire Ménès» dans les médias, Marie Portolano décide alors de réagir à nouveau sur les réseaux sociaux, regrettant que «nous sommes en train de réduire ce combat et cette parole à un seul homme» alors que «ce n’est pas ‘un seul homme’ le problème, mais le système qui a permis à quelques hommes d’agir ainsi pendant des années sans jamais être réprimandées. Et c’est ce système que l’on doit combattre. Le système qui a protégé, qui n’a pas voulu entendre.» De son côté, Canal+ n’a plus d’autre choix que de réagir : Pierre Ménès est écarté «jusqu’à nouvel ordre» du Canal football club, l’émission foot de Canal+ dans laquelle il est chroniqueur depuis plus de dix ans, et une enquête interne est lancée en toute discrétion. Seulement, la direction de la chaîne n’a pas du tout apprécié les fuites à répétition auprès des Jours et n’a pas l’intention de se laisser forcer la main : c’est ainsi que courant avril, la journaliste Solange Tricaud est licenciée, accusée d’être une des sources du site d’information (licenciement depuis invalidé par le ministère du travail). D’autres journalistes, dont Guillaume Priou, co-réalisateur du fameux documentaire Je ne suis pas une salope, je suis journaliste, également soupçonnés de faire partie des sources, sont alors sur la sellette. Avant l’été, Pierre Ménès et Canal+ s’entendent finalement sur un accord financier (environ 500 000€ d’après le journal L’équipe) pour mettre un terme à leur collaboration. Le fait que Canal+ ait préféré cette option plutôt qu’un licenciement pour faute grave est un signe «qu’ils n’avaient rien à me reprocher», considère Pierre Ménès. Officiellement, le consultant sportif «ne [se] voyai[t] pas retravailler avec des gens qui [lui] ont tourné le dos au pire moment». En réalité, nul doute que Canal+ a préféré le pousser vers la sortie.


Depuis, Pierre Ménès s’était fait assez discret. Jusqu’à la fin de l’été. Au regard de la multiplication de ses interventions dans les médias depuis la rentrée médiatique, Pierre Ménès ne semble pas encore avoir dit son dernier mot. Plusieurs interviews ont été accordé à l’occasion du lancement ce mois-ci de sa propre plateforme numérique dédiée au football, mais celles-ci ont surtout été l’occasion de revenir une nouvelle fois sur la tempête médiatique qu’il a traversé au printemps dernier. Persistant dans le rôle de victime (il a évoqué dans une interview des pensées suicidaires qui lui auraient traversé l’esprit au cours des derniers mois), Pierre Ménès a affiché une défense encore plus bancale qu’au printemps dernier. Lors d’une interview accordée à Estelle Midi, diffusée simultanément sur la radio RMC et la chaîne RMC Story le 8 octobre dernier, Pierre Ménès a, par exemple, résumé cette «histoire» à «la haine et la lâcheté des réseaux sociaux» ainsi qu’à «une chasse à l’homme». Relevons également un moment lunaire de cette interview durant lequel Pierre Ménès, à court d’arguments, a laissé s’installer un moment de flottement alors que deux des chroniqueurs en plateau lui demandaient simplement s’il a entrepris un travail de remise en question au cours des derniers mois passés loin des caméras de télévision. N’ayant visiblement toujours pas compris en quoi ses agissements passés ont pu choquer les trois journalistes avec qui il a eu un comportement déplacé, Pierre Ménès a fini par bredouiller l’exemple d’une assistante de production qu’il a récemment croisé sur le tournage d’une émission et à qui il s’est retenu de dire qu’elle avait des beaux yeux alors qu’il le pensait et qu’il aurait voulu lui dire.


Ce mois-ci a aussi été le moment de découvrir les résultats de l’enquête interne demandée par Canal+. D’après l’enquête, sept personnes, dont cinq femmes, s’estiment avoir été «victimes d’agissements sexistes ou de comportements inappropriés» de la part de Pierre Ménès. Un signalement de la part de l’inspection du travail, qui estime que les faits évoqués dans les témoignages recueillis sont des agressions sexuelles constitutives d’un délit, est même en cours auprès de la justice. Nul doute que nous devrions donc encore entendre parler de Pierre Ménès dans les prochains mois, mais davantage pour ces violences et ses déboires judiciaires plus que pour sa propre plateforme numérique dédiée au football.


Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter le dossier détaillé qu’a consacré Les Jours à ce scandale médiatique : https://lesjours.fr/personnages/pierre-menes/#episodes




Protection des mineur/e/s. TF1 nous avait rarement habitué à ce genre de série choc. Parmi les nombreux sujets de société que la une a décidé d’aborder dans ses fictions se trouvait récemment celui de l’exploitation sexuelle de mineur/e/s. Sur trois jeudis soirs du 23 septembre au 14 octobre dernier, TF1 a ainsi diffusé sa nouvelle mini-série de six épisodes baptisée Fugueuse : prostituée par amour, adaptée d’une série québécoise du même nom.

Le pitch ? Léa, une jeune fille de 16 ans sans histoire et qui grandit dans une famille aimante, incarnée par la talentueuse Romane Jolly, rêve de devenir danseuse professionnelle. Lors d’une soirée, elle fait la rencontre de Nico, un rappeur de 26 ans qui cherche à percer dans la musique et dont elle tombe amoureuse. En côtoyant le milieu artistique dans lequel Nico baigne, Léa y voit également des opportunités pour se lancer dans la danse, Nico lui proposant notamment de tourner dans les clips du groupe de musique qu’il a constitué avec son ami Micka. Seulement, les deux hommes ont besoin d’argent pour pouvoir financer leur premier album. Ils vont alors se demander jusqu’où l’adolescente serait prête à aller par amour pour Nico.


De par le sujet qu’elle traite, cette série est nécessairement poignante et dure à regarder. La spirale infernale dans laquelle plonge progressivement et sans s’en rendre compte Léa est bien construite et bien amenée dans la série. Cette dernière montre bien que personne n’est à l’abri de ce genre de situation, qu’il ne suffit que de faire de mauvaises rencontres. De plus, il est intéressant de voir comment la construction du regard vis-à-vis de son propre corps, questionnement légitime à l’âge de l’adolescence (est-ce que l’on me trouve séduisant/e ?), mais qui est souvent évacué au profit de la représentation des premières expériences amoureuses voire sexuelles dans les séries, est, ici, évoquée avec une certaine finesse concernant Léa.


Enfin, outre la qualité de cette série, celle-ci est simplement nécessaire pour visibiliser une triste réalité : d’après un rapport remis au gouvernement cet été, entre 7 000 et 10 000 mineur/e/s seraient actuellement prostitué/e/s en France.


Au casting, notamment, de cette série : Michaël Youn et Sylvie Testud dans le rôle des parents protecteurs mais désemparés de Léa, ou encore Julie Depardieu dans le rôle de la mère d’une amie de Léa, «victime collatérale» de la descente aux enfers de Léa.


Lien vers le replay de la mini-série : https://www.tf1.fr/tf1/fugueuse/videos



Musique. Même si le nouveau télé-crochet musical de France 2 The artist n’a pas trouvé son public, il aura, au moins, permis de nous faire prendre conscience d’un défaut partagé par la multitude de télé-crochets qui ont été proposé à la télévision ces dernières années : alors que ces télé-crochets musicaux prétendent vouloir lancer la carrière d’artistes en leur apportant la lumière nécessaire, ces artistes ne se font connaître que grâce à leur voix et jamais à travers leur univers musical, si ce n’est par le biais des chansons qu’iels [pronom neutre, contraction des pronoms «ils» et «elles»] choisissent de reprendre ou la manière dont iels les reprennent. Bien entendu, toutes et tous les interprètes ne sont pas nécessairement des auteurs/autrices ni des compositeurs/compositrices. Néanmoins, par exemple, ce n’est que cette année, lors de la dixième saison du célèbre télé-crochet musical de TF1 The voice, que l’interprétation d’une chanson personnelle a été introduite, et ce en fin de finale, après avoir déjà chanté une fois seul/e et une fois avec une star de la musique avant.


Dans The artist, diffusé du 11 septembre au 15 octobre dernier, les candidates et candidats ne rentrent pas comme des talents pour en ressortir, à l’issue d’un passage par «l’école The voice», en artistes, iels viennent directement en tant qu’artistes et ne chantent que leurs propres morceaux. Peut-être une manière plus juste de jauger le talent d’un/e artiste en devenir et de permettre la rencontre entre lui ou elle et son public, sans que tout ne repose sur la performance vocale ou qu’une préférence se crée sur la base du choix d’une reprise de tel ou tel morceau ou artiste connu/e avec lequel ou laquelle la téléspectatrice ou le téléspectateur a une sensibilité.


Quoi qu’il en soit, à présent que The artist est arrivé au terme de sa saison, c’est l’occasion de (re)découvrir tout un tas d’artistes inconnu/e/s mis en lumière, ainsi que leurs propositions. Peut-être ferez-vous une bonne découverte ou aurez-vous un coup de cœur… ?

Les 22 candidates et candidats de The artist

Lien vers le replay de l’ensemble des émissions de The artist : https://www.france.tv/france-2/the-artist/




Aviez-vous déjà remarqué que des chaînes réalisent des publicités déguisées pour des marques dans leurs fictions ? Saviez-vous que selon la zone de l’image dans laquelle le produit apparaît, l’impact sur le public n’est pas le même ? Etiez-vous au courant qu’il existe plusieurs sortes de placements de produits (visuel, audio et lié au scénario du contenu) ?


En France, depuis 2010, le CSA demande aux chaînes d’imposer la lettre P dans un cercle blanc en bas à droite de l’écran pour signifier aux téléspectatrices et téléspectateurs qu’un ou plusieurs placements de produits sont réalisés dans le programme qu’iels regardent. Lorsqu’aucun partenariat commercial n’a été établi entre la chaîne et une marque et que celle-ci apparaît à l’écran de manière injustifiée (elle peut l’être dans un reportage, si son apparition a uniquement une vocation informative), alors la chaîne se doit de la masquer (floutage ajouté au montage, image inversée pour voir le nom de la marque à l’envers et donc la rendre partiellement illisible, apposition de scotch sur le nom ou le logo d’une marque pendant le tournage du programme…). A l’étranger, les placements de produits ne sont pas nécessairement aussi réglementés.


Le journal Courrier International a traduit pour nous un reportage vidéo réalisé par le journaliste américain du Wall Street Journal Kenny Wassus, qui s’est intéressé aux placements de produits réalisés sur Apple TV+. Pour cela, Kenny Wassus a analysé dans leur intégralité cinq séries de la plateforme américaine de SVOD.


Pour connaître ses conclusions, et les outils utiles à retenir et à appliquer pour les placements de produits réalisés dans les programmes télévisés, je vous laisse découvrir le reportage : https://www.courrierinternational.com/video/video-dans-les-series-apple-tv-des-placements-de-produits-par-centaines



Nous allons devoir vous laisser, le prochain service est sur le point de démarrer. Nous espérons vous revoir très bientôt ! Peut-être que nous pourrons vous apporter de nouveau l’addition…






Vous désirez en savoir plus à propos des sujets qui ont été abordé ? Ou bien simplement connaître les sources des informations évoquées ? Pas de soucis !


L’apéritif:

Décès.

- Alain Constant, Le Monde, Le journaliste Etienne Mougeotte est mort, 7 octobre 2021. Article accessible en ligne : https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2021/10/07/le-journaliste-etienne-mougeotte-est-mort_6097521_3382.html?utm_campaign=Lehuit&utm_medium=Social&utm_source=Twitter

- Wikipédia, Etienne Mougeotte [page consultée le 26 octobre 2021 ; dernière modification de la page le 21 octobre 2021]. Page accessible en ligne : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_Mougeotte


Avortement.

- Raphaël Garrigos, Isabelle Roberts, Les Jours, Vincent Bolloré, totalement fou des messes, 13 août 2021. Article accessible en ligne : https://lesjours.fr/obsessions/l-empire/ep170-messe-c8/

- Christophe Gazzano, Puremédias, Audiences : ‘Camping paradis’ leader en hausse, début correct pour ‘Arnaques’ sur M6, flop pour ‘Unplanned’ sur C8, 17 août 2021. Article accessible en ligne : https://www.ozap.com/actu/audiences-camping-paradis-leader-debut-correct-pour-arnaques-sur-m6-flop-pour-unplanned-sur-c8/607515

- Benjamin Meffre, Puremédias, ‘Unplanned’ : C8 mise en garde par le CSA après la diffusion en prime time du film anti-IVG, 14 octobre 2021. Article accessible en ligne : https://www.ozap.com/actu/-unplanned-c8-mise-en-garde-par-le-csa-apres-la-diffusion-en-prime-time-du-film-anti-ivg/609462


CSA.

- Ludovic Galtier, Puremédias, Le CSA change de nom et devient officiellement l’Arcom, 26 octobre 2021. Article accessible en ligne : https://www.ozap.com/actu/le-csa-change-de-nom-et-devient-officiellement-l-arcom/609837


Jeux télévisés.

- Wikipédia, Les douze coups de midi [page consultée le 26 octobre 2021 ; dernière modification de la page le 21 octobre 2021]. Page accessible en ligne : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Douze_Coups_de_midi



Le plat de résistance:

- Benjamin Meffre, Puremédias, Canal+ : accusée d’être une source des ‘Jours’, une journaliste élue du personnel licenciée, 1 mai 2021. Article accessible en ligne : https://www.ozap.com/actu/canal-accusee-d-etre-une-source-des-jours-une-journaliste-elue-du-personnel-licenciee/604158

- Benjamin Meffre, Puremédias, ‘Pierrot football club’ : Pierre Ménès lance sa plateforme dédiée au foot, 21 septembre 2021. Article accessible en ligne : https://www.ozap.com/actu/-pierrot-football-club-pierre-menes-lance-sa-plateforme-dediee-au-foot/608640

- Raphaël Garrigos, Isabelle Roberts, Les Jours, Pour protéger Pierre Ménès, Canal+ censure un docu sur les femmes, 21 mars 2021. Article accessible en ligne : https://lesjours.fr/obsessions/l-empire/ep156-pas-salope-journaliste/

- Raphaël Garrigos, Isabelle Roberts, Les Jours, Pierre Ménès : sept victimes et un signalement, 27 septembre 2021. Article accessible en ligne : https://lesjours.fr/obsessions/l-empire/ep172-menes-sept/

- Florian Guadalupe, Puremédias, Pierre Ménès quitte Canal+ et flingue Hervé Mathoux et Nathalie Iannetta, 12 juillet 2021. Article accessible en ligne : https://www.ozap.com/actu/pierre-menes-quitte-canal-et-flingue-herve-mathoux-et-nathalie-iannetta/606171

- RMC, Pierre Ménès de retour dans le paysage médiatique, 8 octobre 2021. Vidéo accessible en ligne : https://rmc.bfmtv.com/mediaplayer/video/pierre-menes-de-retour-dans-le-paysage-mediatique-0810-1371577.html

- Twitter, Marie Portolano, 21 mars 2021. Tweet accessible en ligne : https://twitter.com/marieportolano/status/1373729759641882628

- Twitter, Marie Portolano, 26 mars 2021. Tweet accessible en ligne : https://twitter.com/marieportolano/status/1375366272519639048

- YouTube, Touche pas à mon poste !, Pierre Ménès s’explique sur le plateau de TPMP suite au documentaire ‘Je ne suis pas une salope’, 31 mars 2021. Vidéo accessible en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=IQj86yY5uX8



Un petit café ?


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