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«Qui veut être mon associé ?»: M6 mise sur un entrepreneuriat innovant, utile et bienveillant


Selon un sondage OpinionWay datant de mars 2019, 42,5% des personnes âgées entre 18 et 30 ans déclarent être tentées de créer leur propre entreprise. C’est probablement de ce constat d’un attrait certain, en particulier chez les jeunes, pour entrepreneuriat qu’M6 a décidé de lancer ce nouveau divertissement, intitulé «Qui veut être mon associé ?». Après la cuisine, le chant et l’immobilier, c’est dans l'entrepreneuriat que la six s’est mise à débusquer de nouveaux talents. Présentation.




Un concept simple mais qui a fait ses preuves à l’étranger


Adapté du format japonais «The tigers of money», crée en 2001, ce divertissement repose sur un concept simple : des entrepreneurs et entrepreneuses de tout horizon en quête de financements ont la possibilité de présenter leur projet devant plusieurs grands chefs d’entreprises qui, s’ils sont convaincus de l’intérêt du projet, peuvent accepter d’accompagner financièrement la personne dans son projet et son entreprise, plus ou moins en fonction de la demande formulée par celle-ci.


Sur la forme, les amateurs de brocante et de France 2 y verront probablement des similitudes avec «Affaire conclue, le divertissement à succès des après-midi de la deux, de qui, il est vrai, l’émission semble reproduire la même mécanique. Sur le fond, ceci n’est pas non plus sans rappeler «Mon invention vaut de l’or», proposé sans grand succès entre 2017 et 2019 par M6, un concours ouvert à toutes celles et tous ceux qui pensaient avoir inventé un objet qui aurait pu révolutionner le quotidien des français, avec, à la clé pour le gagnant ou la gagnante, un contrat avec une grande enseigne pour commercialiser l’invention.


Quoi qu’il en soit, pour ce «Affaire conclue» de l’entrepreneuriat, M6 n’a pas lésiné sur les moyens pour le jury en composant avec des investisseurs français expérimentés et reconnus, à l’instar du fondateur de Meetic Marc Simoncini ou bien le fondateur de BlaBlaCar Frédéric Mazzella.



Plus qu’un concept importé, une réelle touche française apportée


Outre le jury, l’un des aspects positifs du programme se trouver dans le fait qu’M6 ne se soit pas contenté de produire une simple reproduction d’un format ayant connu de multiples succès à l’étranger. En effet, déjà adapté dans une trentaine de pays, le format ne semble plus avoir grand-chose à prouver quant à l’intérêt qu’il suscite et le succès qu’il porte. Néanmoins, pour s’assurer que la mayonnaise prenne en France, M6 s’est permise, à juste titre, à quelques libertés dans l’adaptation du format.


Déjà, en ce qui concerne le format, la chaîne a commencé par le simplifier légèrement, en se contentant de présenter des entrepreneurs et entrepreneuses proposant du «B to C» («Business to Consumer») et non du «B to B», c’est-à-dire ici de nouveaux produits destinés à des consommateurs et non des innovations technologiques susceptibles d’intéresser des entreprises. De même, nous pouvons remarquer que les échanges entre les investisseurs et les entrepreneurs portent souvent sur des notions économiques et commerciales relativement bien connues de tous (comme le chiffre d’affaires, la marge, la part du capital…), les rares mots plus techniques employés étant sinon explicités aux téléspectateurs par une brève note explicative en bas de l’écran. De cette manière, M6 sait qu’elle ne perdra personne en cours de route à cause d’un programme trop complexe à suivre, sachant que ce programme est diffusé en prime-time, donc à destination du grand public, souvent novice en la matière.


Sur la forme, la version française n’a pas pris non plus la voie qu’ont emprunté certaines adaptations étrangères, notamment celle américaine, intitulé là-bas «Shark tank», qui signifie en anglais «le bassin des requins», et qui témoigne clairement de la tonalité donnée au programme. Comme l’explique Julien Courbet, animateur de l’émission, dans une interview accordée au Huffington Post, aux Etats-Unis, les investisseurs sont bien plus agressifs, tant entre eux pour ne laisser aucune miette aux autres qu’envers les entrepreneurs et entrepreneuses, de qui ils se jouent bien souvent pour assurer le show, dans un programme qui reste avant tout un divertissement. En France, rien à voir «[puisqu’]on a complètement adapté le programme pour que ce soit un programme de partenariat. Nous, ce qu’on veut, c’est qu’il y ait des bonnes idées, et beaucoup de conseils. […] L’intérêt de l’émission, c’est qu’il n’y a pas de perdants.» Ainsi, la bienveillance est de mise dans l’adaptation française de l’émission, même si cela n’empêche pas les investisseurs de présenter les choses avec tact lorsque certains aspects d’un projet ou certains points d’une présentation laissent à désirer et nécessitent d’être retravaillés.



Un coup de projecteur utile pour les uns, un divertissement feel-good appréciable pour les autres


Cette touche française apportée au programme constitue certainement à la fois le point fort et le point faible du programme.


En effet, après avoir passé votre soirée devant «Qui veut être mon associé ?», vous éteindrez probablement votre télévision en vous disant qu’il existe enfin un programme qui combat l’idée communément diffusée selon laquelle les français manqueraient d’idées. Au contraire, ici, il est possible de rencontrer un tas de personnes passionnées et inspirantes, des startupeurs qui ne manquent pas de créativité et de motivation. Et il faut bien avouer que cette piqure de rappel est agréable tant il peut nous arriver de finir par croire que l’existence de ce pan de la population française dynamique et empreinte d’esprit d’initiative dont on peut régulièrement nous vanter n’est qu’un mythe.


D’un autre côté, si l’on en reste à l’objet télévisuel à proprement parlé, il est aussi possible de se dire qu’il nous a permis de passer une agréable soirée mais que nous n’aurons peut-être pas le réflexe de revenir sur la six la semaine suivante. Et pour compte, il ne s’agit finalement que d’une succession de portraits et d’échanges, certes intéressants et rythmés, mais sans aucune rivalité entre les investisseurs, qui pourrait pourtant dynamiser le programme sans tomber dans le show et l’excès, ni aucune compétition, qui pourrait inciter à revenir d’une semaine à l’autre afin de suivre le parcours d’un ou plusieurs candidats ou candidates qui nous auraient interpellés. Certains téléspectateurs trouveront sans doute même que l’émission verse trop dans une certaine complaisance vis-à-vis du patronat qui chercherait à se racheter une bonne image, étant donné que l’émission met particulièrement l’accent sur la transmission de savoirs des plus expérimentés et couronnés de succès à la jeune génération par un apport de conseils, ainsi que sur la nécessité pour l’entrepreneur de demain de revêtir un visage plus humain et respectueux de l’environnement en créant des biens utiles qui changeront la face du monde.



Et au niveau des audiences, ça donne quoi ?


A l’heure où est écrit cet article, deux numéros du programme ont été diffusé par M6. Et à en croire ces premiers résultats, le public n’est pas particulièrement au rendez-vous. En effet, le premier numéro diffusé le 14 janvier a rassemblé 1,5 million de téléspectateurs, soit 7,8% du public devant sa télévision ce soir-là (3ème de la soirée). Le deuxième numéro, diffusé le 21 janvier, a, quant à lui, était regardé par 1,7 million de téléspectateurs, soit 9% de part de marché (3ème de la soirée). Si la chaîne peut se dire que le programme a probablement commencé à un niveau assez bas à cause d’un manque de promotion autour de l’émission ou d’un concept pas suffisamment fort pour susciter la curiosité auprès des téléspectateurs, M6 peut néanmoins se consoler en voyant que le programme a gagné 250 000 téléspectateurs et 1,2% de PDA d’une semaine à l’autre, et ainsi espérer que le bouche-à-oreille continue de se faire (et que la concurrence ne soit pas trop forte les prochaines semaines) pour que la courbe continue de remonter semaine après semaine. De plus, M6 peut aussi se rassurer en constatant que sur certaines cibles du public, comme les femmes de moins de 50 ans responsables des achats ou les jeunes, sur lesquelles la six mise particulièrement, les scores sont encourageants (16,8% pour l’une et 20,6% pour l’autre lors du premier numéro ; 19,7% pour l’une et 20% pour l’autre lors du deuxième numéro).




Quoi qu’il en soit, avant même la fin de la diffusion de cette première saison du divertissement, Nicolas de Tavernost, patron du groupe M6, a d’ores et déjà annoncé par tweet son intention de commander une deuxième saison du programme, en commentant qu’il est «très fier de promouvoir l’entrepreneuriat sur M6. Il faut oser prendre des risques sur ces sujets-là comme nous l’avions fait il y a 32 ans avec ‘’Capital’’ [magazine de la chaîne, toujours à l’antenne]». Souhaitons effectivement au programme de connaître le même succès que le magazine !




Sources:


- Marina Alcaraz et Déborah Loye, Les Echos Start, «Le ‘’The Voice’’ de l’entrepreneuriat débarque sur M6», 11 décembre 2019.

Article disponible en ligne : https://start.lesechos.fr/societe/culture-tendances/le-the-voice-de-l-entrepreneuriat-debarque-sur-m6-16872.php

- Elle, «Des entrepreneur(e)s qui pitchent à la télé ? On a regardé pour vous ‘’Qui veut être mon associé ?’’ sur M6», 14 janvier 2020.

Article disponible en ligne : https://www.elle.fr/Elle-Active/Actualites/Des-entrepreneur-e-s-qui-pitchent-a-la-tele-On-a-regarde-pour-vous-Qui-veut-etre-mon-associe-sur-M6-3830955

- Kevin Boucher, PureMédias, «Audiences : ‘’La loi de Julien’’ en rediffusion devant ‘’Magnum’’ en baisse, ‘’Qui veut être mon associé ?’’ progresse», 22 janvier 2020.

Article disponible en ligne : https://www.ozap.com/actu/audiences-la-loi-de-julien-en-rediffusion-devant-magnum-en-baisse-qui-veut-etre-mon-associe-progresse/588445

- Huffington post, «Depuis ‘’Qui veut être mon associé ?’’, ces entrepreneuses n’arrêtent plus», 21 janvier 2020.

Article disponible en ligne : https://www.huffingtonpost.fr/entry/depuis-qui-veut-etre-mon-associe-ces-entrepreneuses-narretent-plus_fr_5e25b155c5b6321176174590

- Benjamin Meffre, PureMédias, «Audiences : ‘’Magnum’’ leader, déception pour ‘’Qui veut être mon associé ?’’, W9 au top avec Mylène Farmer», 15 janvier 2020.

Article disponible en ligne : https://www.ozap.com/actu/audiences-magnum-leader-deception-pour-qui-veut-etre-mon-associe-w9-au-top-avec-mylene-farmer/588160

- Benjamin Meffre, PureMédias, «’’Qui veut être mon associé ?’’ aura une saison 2, a déjà annoncé Nicolas de Tavernost», 20 janvier 2020.

Article disponible en ligne : https://www.ozap.com/actu/-qui-veut-etre-mon-associe-aura-une-saison-2-a-deja-annonce-nicolas-de-tavernost/588364

- Camille Wong, Les Echos Start, «’’Qui veut être mon associé ?’’ : une bonne idée mais une émission décevante», 13 janvier 2020.

Article disponible en ligne : https://start.lesechos.fr/societe/culture-tendances/qui-veut-etre-mon-associe-une-bonne-idee-mais-une-emission-decevante-17107.php

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