Saison télé française 2018-2019 : Un bilan dressé de A à Z
Ça y est, l’été est là, et les grandes vacances arrivent à grand pas. Progressivement, les uns après les autres depuis la mi-juin, les programmes mettent un terme à leur saison et leurs équipes partent en vacances. La trêve estivale télévisuelle arrive, accompagné de son lot de rediffusions et de déstockage en masse. Elles semblent si loin à présent toutes ces promesses et annonces en tout genre faites par les chaînes en début de saison lors de leurs traditionnelles conférences de rentrée. Depuis, le naturel est revenu au galop, ça a cafouillé, ça s’est adapté, ça a bougé. Maintenant que cette saison 2018-2019 touche à sa fin, il est l’heure de dresser le bilan d’une saison télé encore assez riche cette année.
A comme… Ardisson
Dans le groupe Canal depuis 2006, d’abord à la tête des avant-soirées du samedi de Canal+, puis celles du week-end de sa chaîne gratuite C8, «l’homme en noir» a dit au revoir aux «terriens» qui le suivaient chaque semaine depuis 13 ans. Ou plutôt a dû dire au revoir. En effet, à la suite des négociations entamées avec la chaîne en vue de la saison prochaine, le célèbre animateur-producteur télé a décidé de s’en aller, considérant que «la qualité a un prix» et qu’il «ne veut pas faire de la télé low-cost». Et pour compte, la chaîne lui avait demandé de baisser le coût de ses émissions (180 000€ chaque samedi, deux fois plus que «TPMP» à titre de comparaison), leur coûtant trop cher pour l’audience qu’elle fait (en moyenne 800 000 téléspectateurs chaque samedi, plus que correct pour C8 mais en-deçà du million systématique atteint à l'époque sur Canal+ avant d’être transféré sur C8 en 2016), ce qu’il n’a pas accepté. Ce départ constitue un coup dur pour la 8 qui perd ainsi l’une des principales incarnations de son antenne.
B comme… Balance ton post
Cyril Hanouna semble avoir réussi son pari. En parvenant à installer son talk-show de fin de soirée le vendredi (en moyenne 500 000 téléspectateurs) et en faisant parler de celui-ci (notamment à travers l’émission spéciale «Grand débat national» co-présenté avec la secrétaire d’état Marlène Schiappa), l’animateur-producteur de C8 a su montrer qu’au-delà de l’animateur de divertissement qu’il est, il est aussi capable de présenter des émissions sérieuses de débats d’actualité. Le succès est tel que Cyril Hanouna s’en est particulièrement inspiré pour booster sa quotidienne phare «TPMP», en perte de vitesse cette année, à l’aide d’une dernière partie d’émission centrée sur des débats d’actualité ne concernant pas les médias, mais jamais véritablement assumée comme telle.
C comme… Combal
Son transfert de C8, où il officiait chaque jour dans la quotidienne de Cyril Hanouna depuis 2012, à TF1 avait constitué une véritable surprise lors du mercato télé la saison passée. En quelques mois, Camille Combal s’est clairement imposé comme un des nouveaux visages de la une, qui semble aux petits soins de sa nouvelle recrue star, lui confiant la présentation de Danse avec les stars» et de «Qui veut gagner des millions», ainsi que son propre show du vendredi soir «Plan C». Il ne lui reste plus qu’à transformer l’essai la saison prochaine et à faire attention de ne pas se brûler les ailes contrairement à d’autres transferts vers TF1 ont pu le faire par le passé.
D comme… Davant
Sophie Davant confirme la bonne saison qu’elle a mené la saison passée. Et dire que cela est notamment parti du fait qu’elle ait eu le nez creux sans le savoir. En effet, en 2017, elle accepte, sans trop y croire, de présenter une quotidienne en fin d’après-midi autour des antiquités et des vide-greniers, après que celle-ci ait été refusé par Stéphane Bern. Pourtant, alors que l’émission rassemble seulement environ 300 000 téléspectateurs, elle ramène de plus en plus de monde devant France 2 au fil des mois, jusqu’à atteindre le million de téléspectateurs chaque jour en fin de saison dernière. Mieux encore, la dynamique n’a pas cessé cette saison, au point d’atteindre jusqu’à 2 millions de téléspectateurs en fin d’après-midi, un succès inimaginable à ses débuts, au moment où les après-midis de la chaîne, en difficultés, tentaient péniblement de se renouveler. Néanmoins, elle n’est pas devenue intouchable pour autant. La preuve avec la seule ombre au tableau pour elle cette saison, l’arrêt de «C’est au programme», le magazine quotidien qu’elle animait en début de matinée sur la chaîne depuis 1998.
E comme… Episodes spéciaux
Cette saison télé (et surtout TF1) a eu le don de gâter (ou torturer, question de point de vue) les fans de séries françaises avec la diffusion de plusieurs crossovers. Si certains étaient prévisibles au vue de l’atmosphère similaire qui règne au sein de multiples séries, comme entre «Section de recherches» et «Alice Nevers», d’autres se sont montrés davantage surprenants, comme entre «Camping Paradis» et «Joséphine, ange gardien». Toujours est-il que dans les deux cas, les fans des séries concernés étaient au rendez-vous (5,9 et 5,3 millions de téléspectateurs pour l’un, 4,8 millions de téléspectateurs pour l'autre, soit dans la fourchette haute des audiences de chacune des séries), sans pour autant provoquer un large engouement et effet de curiosité comme la chaîne aurait certainement aimé.
F comme… Fiction française
Et dire qu’il y a seulement quelques années, le PAF était encore, en matière de séries, largement dominé par des mastodontes américains, comme «Mentalist» ou «Dr House». Aujourd’hui, les choses ont bien changé. Les téléspectateurs sont clairement demandeurs de contenus originaux (en témoigne la croissance rapide de Netflix en France par exemple), ce pour quoi les chaînes n’hésitent pas à investir de plus en plus. En la matière, TF1 et France Télé (plus France 3 que France 2) se tirent particulièrement la bourre cette saison. A leurs palmarès cette année, nous comptons notamment «Capitaine Marleau» (France 3), «Les bracelets rouges» (TF1), «Balthazar» (TF1), «Les innocents» (TF1), «Candice Renoir» (France 2), ou encore «Jacqueline Sauvage, c’était lui ou moi» (TF1).
G comme… Good doctor
Comme vous l’avez probablement compris au point précédent, l’heure ne semble plus véritablement aux grandes séries étrangères familiales et fédératrices à la télé française. Si certaines d’entre elles perdurent et conservent un socle de fidèles conséquent («Esprits criminels» et «Grey’s anatomy» sur TF1, «NCIS» sur M6), il en existe encore qui parviennent à tirer leur épingle du jeu et à s’imposer. Cette saison, il s’agit indubitablement de «Good doctor», dont 17 des 20 épisodes diffusés par TF1 figurent dans le classement des 100 meilleures audiences télé de 2018 (entre 4,6 et 7,9 millions de téléspectateurs). A voir si le succès de la série en France se confirmera la saison prochaine avec la diffusion sans nul doute de sa saison 2.
H comme… Hanouna
Les saisons télé passent et Cyril Hanouna reste indéboulonnable dans le PAF, régnant toujours sans partage sur la chaîne où il officie et pouvant toujours compter sur sa communauté de fans fidèle, malgré des polémiques devenues monnaie courante. Outre son succès cette saison avec «Balance ton post», nous retiendrons également l’affaiblissement de plus en plus flagrant en terme d’audiences de sa quotidienne phare «Touche pas à mon poste» (en moyenne 1 million de téléspectateurs chaque soir, contre 1,2 million la saison passée, et 1,3 million il y a deux ans), une chute initiée en 2016 avec l’arrivée de Yann Barthès sur TMC et qu’il semble avoir des difficultés à endiguer depuis (en moyenne 200 000 téléspectateurs de plus pour «Quotidien» cette saison, contre deux scores similaires la saison passée, et 100 000 téléspectateurs de plus pour «TPMP» il y a deux ans). De plus, à vouloir retenir Jean-Luc Lemoine avec un prime hebdomadaire sans concept, si ce n’est de garder l’attention du public entre «TPMP» et «Balance ton post», Cyril Hanouna a fini par perdre un chroniqueur historique de plus, dont les rumeurs autour de son départ se faisaient entendre depuis plusieurs mois déjà.
I comme… Information en continu
L’actualité particulièrement riche cette saison, notamment dominée par les «gilets jaunes» et les élections européennes, a, comme nous pouvions nous y attendre, fortement bénéficié aux chaînes d’infos en continu, vers lesquelles les français semblent se tourner de plus en plus spontanément en cas d’actualité forte. L’intérêt était parfois tel que BFMTV, couvrant largement chaque samedi de mobilisation des «gilets jaunes», s’est retrouvé à plusieurs reprises troisième chaîne de France en terme d’audiences, devant France 3 et M6, en novembre dernier, au plus fort du mouvement des «gilets jaunes». Les chaînes d’infos en continu (en particulier BFMTV et LCI) n’ont d’ailleurs pas hésité à exploiter ce filon à travers de multiples soirées de débats, désireuses de consolider et d’élargir leur public en essayant de mettre en avant une image plus flatteuse des chaînes infos, celle de chaînes qui ne font pas que commenter en boucle les mêmes informations mais qui peuvent aussi donner matière à penser sur celles-ci.
J comme… Jeux du midi
Les fans des jeux du midi n’ont pas été en reste cette saison. Entre le scandale provoqué par l’arrestation de Christian Quesada, plus grand champion du jeu de TF1 «Les douze coups de midi», pour détention et diffusion d’images pédopornographiques, et le sacre de Marie-Christine en tant que plus grande championne du jeu de France 2 «Tout le monde veut prendre sa place», les fans ont dû passer par toutes les émotions.
K comme… Kamoulox
Chaque saison nous réserve son lot de moments inattendus, dont on ne sait trop quoi penser, ces moments où l’on oscille entre se dire qu’il n’y a qu’à la télévision française qu’on peut assister à des moments aussi uniques, ou que l’on comprend mieux pourquoi tout le monde préfère fuir la télévision française pour se réfugier sur des plateformes telles que Netflix. Parmi les moments WTF les plus mémorables de cette saison, nous noterons le fabuleux épisode spécial de «Burger Quiz», faisant écho à la sortie récente d’un épisode interactif de «Black mirror» qui avait fait grand bruit. Sinon, dans le meilleur du pire, nous retiendrons le député Joachim Son-Forget déguisé en oiseau Twitter dans «TPMP», venu pour la blague et pour la promotion de son morceau sur les «gilets jaunes» avec Doc Gynéco (oui, rien ne va dans cette phrase). Chapeau l’artiste !
L comme… Le grand oral
Certainement une des meilleures créations originales à la télé française cette saison (hors fiction, bien évidemment). Que ce soit par sa prise de risque en terme de concept en mettant en avant une thématique rare en télé (l’art oratoire et les concours d’éloquence), ou bien par une réalisation soignée et jamais dans la surenchère, ou encore un très bon casting, ce divertissement de France 2 montre bien que les français, aussi, peuvent être créatifs et capables de réaliser de chouettes programmes télé.
M comme… Motus
Fini. F-I-N-I. En effet, ce sera bientôt «motus et bouche cousue» pour le célèbre jeu de France 2. Après une trentaine d’années de collaboration, son animateur, Thierry Beccaro, a décidé de quitter la chaîne pour se consacrer à d’autres projets, préférant partir de lui-même tant qu’il en est encore temps, avant de connaître une réelle lassitude vis-à-vis de son jeu ou d’être poussé vers la sortie pour des audiences déclinantes ou insuffisantes. Ce doit être les personnes âgées et les ménagères qui doivent avoir les boules de voir leurs habitudes d’avant-repas brusquement changer…
N comme… Nulle part ailleurs
Journaliste et présentateur télé/radio hors-pair, Philippe Gildas s’est éteint en octobre dernier à l’âge de 82 ans. Il était principalement connu pour être l’animateur vedette de l’émission «Nulle part ailleurs» sur Canal+ entre 1987 et 1997, participant au développement de «l’infotainment» en France et contribuant à la construction de ce qu’on appelle «l’esprit Canal».
O comme… Outch !
Que serait une saison télé sans ses victimes de la dure loi des audiences ! Parfois une prise de risque des chaînes mal payée par son public, souvent des programmes vus et revus, caricaturaux ou mal réalisés qui n’encouragent pas à s’asseoir devant son poste de télé, la bataille est souvent rude entre les chaînes. Des déceptions, des échecs, des désillusions, cela arrive régulièrement dans le PAF. Mais une claque telle que France 3 a connu en novembre dernier avec «Premier de cordée», elle n’est pas près de l’oublier. Pourtant, la proposition de la chaîne du service public semblait honorable. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut voir un jeu d’aventures sur France 3. Ou bien ce n’est justement pas ce à quoi on s’attend sur la trois. Peut-être que l’on s’imagine spontanément à tort que le jeu va être rendu ennuyeux par l’objectif pédagogique que s’efforce d’insuffler le service public dans chacun de ses programmes. Ou bien la bande-annonce ne vendait tout simplement pas du rêve au public. Toujours est-il que la sentence a été immédiate : environ 480 000 téléspectateurs, soit la pire audience en soirée pour France 3 depuis 1992. C’est dire l’ampleur de la contre-performance. Comme vous pouvez l’imaginer, la chaîne n’a pas commandé de nouveau numéro de son programme.
P comme… Patrick Sébastien
Il ne fera plus tourner les serviettes durant les soirées de France 2 à la rentrée. Après s’être occupé en grande partie des divertissements de la chaîne pendant plus d’une vingtaine d’années, que ce soit avec son «Plus grand cabaret du monde» ou ses «Années bonheur», Patrick Sébastien a été remercié par la deux après le tacle de trop. Ses dernières années, il n’hésitait pas à critiquer régulièrement ouvertement sa direction, menaçant souvent de partir s’il n’obtenait pas davantage de soirées ou de moyens pour ses émissions, ce dont il avait l’impression d’avoir de moins en moins. Jusqu’à présent, ses bonnes audiences le couvraient d’éventuelles sanctions de la part de sa direction face à ses poussées de colère qui en agaçaient plus d’un. Cette fois, cela n’a pas suffi.
Q comme… Quotidien
Il n’y a qu’à constater à quel point Cyril Hanouna cherche artificiellement à valoriser les audiences de sa quotidienne phare «TPMP» à coup de découpages en plusieurs parties qui n’ont ni queue ni tête, sans compter toutes les fois où il tacle ou s’emporte violemment contre son concurrent sur TMC Yann Barthès ou contre les dirigeants de TF1, la maison-mère de TMC, dont le directeur des programmes est l’ancien directeur de C8, celui même qui a fait venir Cyril Hanouna au lancement de la chaîne en 2012. Autant il y avait encore matière à débattre la saison passée, autant «Quotidien» a clairement pris l’ascendant sur «TPMP» cette saison dans la guerre de l’access prime-time qu’ils se livrent (il n’y a qu’à voir les chiffres donnés à la lettre H). A présent, «TPMP» en est plutôt à jouer du coude pour ne pas se faire dépasser à son tour par «C à vous» sur France 5.
R comme… Recyclage
J’aurais préféré parler de «renouveau» plutôt que de «recyclage», seulement cette saison télé n’a pas manqué de chaînes préférant, une fois de plus, se rassurer en en revenant aux bonnes vieilles recettes et figures qui ont fait leur succès à une certaine époque plutôt que de prendre des risques en innovant. Ainsi, TF1 a ressuscité «Qui veut gagner des millions ?» et France 2 «Le grand échiquier», tandis que C8 a fait revenir Vincent Lagaf’ et Patrick Sabatier après plusieurs années d’absence. Seulement, comme il s’avère souvent être le cas dans ce genre d’opération, le public ne se montre pas particulièrement au rendez-vous, étant donné que l’attente vis-à-vis de leur retour est bien souvent peu élevé. Si le succès est mitigé pour le jeu de la une et l’émission de débats de la deux, on peut dire qu’il s’agit d’un véritable échec pour Patrick Sabatier sur la huit (en même temps, il faut signaler qu’il a exactement repris les mêmes concepts d’émission qui ont fait son succès, auxquels il a simplement accolé de nouveaux noms…). En revanche, la greffe de Vincent Lagaf’ sur C8 a failli prendre. Le concept était original (un jeu mêlant bowling et culture générale), le public était là ; seulement, des différends entre Lagaf’ et le patron de la chaîne (le réel, l’officieux, Cyril Hanouna je veux dire) l’ont conduit à perdre plus de la moitié de son public et à ne pas vouloir tourner de salve d'émissions supplémentaire. Quel gâchis…
S comme… Six
Par rapport à ce qui a pu être dit précédemment, on ne peut pas reprocher à M6 de ne pas avoir tenter de nouveaux formats. Seulement, on ne peut clairement pas dire que les risques aient été payants cette saison pour la six. «French in the city» ? Déprogrammé. «The bridge» ? Pareil. «Les reines des enchères» ? Pas mieux. «Le sens de l’effort» ? De même. «Together, tous avec moi» ? Déprogrammé. Et on ne parle pas en plus des séries («Quantico», «SEAL Team», «Papa ou maman, la série»)… Visiblement, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. On ne peut que leur souhaiter de mieux réussir la saison prochaine !
T comme… The Voice
Il semble loin à présent ce temps où «The Voice» était considéré comme LE rendez-vous télévisuel à ne pas manquer chaque samedi et ayant révolutionné le genre du télé-crochet en France. Inexorablement, après huit saisons (à l’antenne depuis 2012), l’usure mécanique du concept se fait sentir. Et cette saison, malgré les efforts des équipes de production pour renouveler le programme, à travers un jury renouvelé et une nouvelle épreuve après la première étape du concours de chant, les résultats ont été cruels pour TF1. Le programme a, une fois de plus, perdu plus de 2 millions de téléspectateurs entre le début et la fin du programme. A croire que le télé-crochet ne parvient pas à trouver une formule capable d’endiguer le départ progressif du public à l’issue des auditions à l’aveugle. Peut être que la durée du programme (tous les samedis pendant 4 mois par an) en est la principale cause. Toujours est-il que si «The Voice» a connu un score correct pour son lancement cette saison (5,6 millions, même si 800 000 téléspectateurs de moins que la saison passée), et que l’audience a su se maintenir tout au long des auditions à l’aveugle (entre 500 000 et 1 million de téléspectateurs perdus sur les huit soirées), celle-ci a complètement décroché par la suite, passant sous la barre des 4 millions de téléspectateurs, jusqu’à atteindre 2,5 millions de téléspectateurs lors de l’avant-dernière soirée, soit moitié moins qu’au début de la saison, ce qui est problématique et difficilement tolérable pour TF1, surtout au vue du prix de l’émission (environ un million d’euros par soirée). Difficile de savoir ce que TF1 et les équipes de production réservent au programme pour la prochaine saison (d’ores et déjà annoncée) mais une chose est sûre : il s’agit probablement de la saison de la dernière chance pour «The Voice».
U comme… Un si grand soleil
France 2 misait gros avec le lancement de «Un si grand soleil». Cela faisait depuis début 2017 que la deux planchait sur son propre projet de feuilleton quotidien, espérant à la fois connaître le même succès que «Plus belle la vie», autre feuilleton quotidien du groupe diffusé depuis 2004 sur France 3, et concurrencer «Demain nous appartient», celui lancé à la rentrée précédente par TF1. Résultat ? Pari réussi pour le service public avec une audience moyenne de 3,5 millions de téléspectateurs devant le feuilleton chaque jour. Ce qui est d’autant plus impressionnant avec les résultats observées cette saison, c’est l’incroyable stabilité du programme en terme d’audiences. En effet, peu importe le programme diffusé en soirée (le feuilleton étant diffusé entre 20h40 et 21h), le feuilleton rassemble systématiquement environ 3,5 millions de téléspectateurs. France 2 peut donc être satisfait de la fidélité du public que le programme a fédéré, se voyant certainement récompensé d’un programme de qualité pour un feuilleton quotidien, sans compter la prise de risque de le programmer à une heure où la plupart des chaînes en profite pour diffuser le fameux tunnel de publicités avant le programme en soirée.
V comme… Voilà voilà…
Au vue du nombre de chaînes et d’heures d’antenne qu’il faut remplir, il arrive nécessairement des moments au cours d’une année durant lesquelles nous avons envie de nous cacher les yeux et de nous boucher les oreilles tant le malaise qui nous envahit face à une séquence, ne serait-ce que de se dire que la télé française est capable de pareilles catastrophes, est forte. Cette saison télé ne nous a malheureusement pas épargnée, oh que non. En la matière, Pascal Praud, présentateur de CNews, a battu des records cette année. Son émission «L’heure des pros», diffusée du lundi au vendredi à 9h et 20h sur la chaîne info du groupe Canal, est bien souvent un concentré d’expression de propos douteux, d’opinions personnelles pleins de raccourcis, d’approximations ou de non-sens plutôt que d’avis argumentés, sans compter les moments de gêne. Tentez de regarder une fois cette émission en entier pour mieux comprendre où je veux en venir si vous le voulez, mais en ce qui me concerne, plus jamais ça !
W comme… Waouh !
La bonne surprise vient probablement de cette fin de saison télé, avec le carton inattendu de la diffusion de la coupe du monde (féminine) de football organisé en France. Les matchs de poules de l’équipe de France féminine ont chacun rassemblé entre 9 et 10 millions de téléspectateurs, soit pratiquement autant que lors des matchs de poules de l’équipe de France masculine lors de la précédente coupe du monde. Des scores au-delà des espérances de TF1, principal diffuseur officiel de la compétition, qui prévoyait «seulement» entre 5 et 7 millions de téléspectateurs d’après son PDG Gilles Pélisson. Il faut dire que cette année, l’évènement sportif bénéficie d’une couverture médiatique inédite, notamment en terme de retransmission des différents matchs de la compétition (la précédente coupe du monde en 2015 avait été diffusée sur W9, petite sœur d’M6 ; mais déjà à cette époque, l’élimination de la France en 1/4 de finale avait permis de battre le record historique de la chaîne avec 4,1 millions de téléspectateurs). Ceci est de bon augure pour le groupe TF1 si l’engouement se poursuit pour la suite de la compétition (en espérant que l’équipe de France aille le plus loin possible bien évidemment !), mais surtout pour favoriser la démocratisation du sport féminin, qui passe notamment par sa visibilité médiatique (et pas que lors de grandes compétitions officielles comme celles-ci).
X comme… Xoxo
Nous ne pouvions pas tirer le bilan de cette saison télé sans faire un petit clin d’œil et bisous (xoxo) aux équipes de «C à vous», l’émission d’avant-soirée de France 5, qui a fêté ses dix ans cette année. Sans faire particulièrement parler de lui, ce programme est pourtant parvenu à se faire une place, tout doucement mais sûrement, malgré l’affrontement qui fait rage entre les chaînes à cette heure, jusqu’à s’imposer comme une des marques fortes de la chaîne. Rassemblant en moyenne 534 000 téléspectateurs lors de sa première saison, le talk-show d’actu n’a cessé de fédérer saison après saison (et malgré ses deux changements de présentatrices), jusqu’à frôler le million de téléspectateurs en moyenne cette saison, se rapprochant dangereusement de la quotidienne phare de C8 «TPMP». Bravo à eux !
Y comme… Y’en a marre !
20h50… 20h55… 21h… 21h05… 21h10… Petit à petit, la plupart des chaînes commence leurs programmes de plus en plus tard. Cela peut aller jusqu’entre 21h20 et 21h30 pour C8 et TMC ! Le plus agaçant pour les téléspectateurs là-dedans ne se trouve pas nécessairement dans le lancement tardif des programmes de soirée (bien qu’ils doivent très certainement regretter le temps où les programmes commençaient à 20h50, voire 20h35 sur le service public…) mais plutôt dans l’hypocrisie et le manque de respect qu’ont les chaînes à ce sujet. En effet, bon nombre d’entre elles n’hésitent pas à continuer d’indiquer le début de leurs programmes à des horaires qu’elles ne suivent plus depuis bien longtemps déjà, ou bien d’annoncer la suite de leurs programmes «tout de suite» avant de diffuser plusieurs minutes de publicité. Et c’est sans compter les multiples coupures pubs qui rythment la diffusion d’un programme et qui cassent complètement le plaisir associé au visionnage du programme. Pas étonnant après que le public privilégie de plus en plus des plateformes telles que Netflix au lieu de la télévision française…
Z comme… Zéro
En début de saison, la chaîne Numéro 23 a changé de nom au profit de RMC Story, désireuse de marquer symboliquement la montée en gamme voulue pour la chaîne, mais surtout son rachat par le groupe NextRadioTV (déjà propriétaire de BFMTV et RMC Découverte). Seulement, la saison est à présent passée et, à part l’acquisition de l’Europa League (compétition de football) qui donne un peu de visibilité à la chaîne, il ne reste pas grand-chose de cette relance, signe qu’elle semble loin d’avoir porté ses fruits. La preuve avec le journaliste et ancien présentateur de BFMTV Jean-Baptiste Boursier, annoncé en début de saison comme l’incarnation de la chaîne, qui est finalement parti dès janvier après que son «Talk-show» hebdomadaire ait été arrêté faute d’audiences après trois mois d’antenne. Qu’il se rassure, la chaîne n’a pas laissé davantage de temps au célèbre interviewer de RMC/BFMTV Jean-Jacques Bourdin, dont le talk-show mensuel s’est également arrêté faute d’audiences après seulement sept numéros. Seul rescapé parmi les nouveautés de la grille de rentrée, le magazine de reportages trimestriel de la journaliste Anne Nivat «Dans quelle France on vit», et encore, pour combien de temps ? En tout cas, côté audiences, la chaîne n’a pas connu d’évolution particulière cette saison, oscillant toujours entre 1,2 et 1,5% de part de marché mensuel (soit 18ème sur 27). En fin de compte, nous retiendrons malheureusement simplement de cette saison que la chaîne a changé de nom.