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«Escape, 21 jours pour disparaître» : RMC Découverte se lance dans le jeu d’aventure

Après l’adaptation de la célèbre émission automobile anglaise «Top Gear» en 2015, RMC Découverte se lance dans une nouvelle adaptation française afin de poursuivre la montée en gamme de sa grille de programmes, cette fois-ci avec un jeu d’aventure. Présenté comme l’un des programmes phares de cette saison lors de la conférence de rentrée de la chaîne, «Escape, 21 jours pour disparaître» nous interpelle de par son originalité, tant sur le fond que sur la forme. Présentation.




Une chasse à l’homme à l’échelle nationale


Adapté du format britannique intitulé «Hunted» et crée en 2015, ce jeu d’aventure se montre assez ambitieux de par son concept. En effet, ce programme nous invite à suivre les péripéties de cinq duos de candidats et d’un candidat seul dans la peau de fugitifs, dont l’objectif est de tenir 21 jours sans se faire capturer par «le QG», équipe d’enquêteurs lancée à leurs trousses, ne leur laissant que deux heures d’avance au début de leur fuite avant de se lancer à leurs recherches. Avec comme terrain de jeu l’ensemble de la métropole, les fugitifs peuvent avoir recours à tous les moyens possibles pour que le QG ne remonte pas jusqu’à eux, bien évidemment dans le cadre de la législation française. Chaque équipe dispose d’un compte ouvert pour l’occasion, sur lequel la production leur a mis 400€ à disposition pour leur fuite. Seulement, il leur ait interdit de retirer plus de 50€ tous les deux jours afin de compliquer la tâche des fugitifs. De plus, il leur ait interdit de rester plus de 48 heures au même endroit.



La crédibilité, enjeu majeur du programme


Plus que jamais dans le cadre de ce jeu, il est essentiel pour sa réussite que la crédibilité de ce qui le compose soit assurée afin que les téléspectateurs n’aient pas l’impression que le déroulé du jeu soit écrit d’avance au bon vouloir de la production et donc qu’ils soient rapidement incités à décrocher du programme, estimant que la promesse qui leur a été faite à travers ce programme n’a pas été respecté. En effet, la narration originale du programme, à mi-chemin entre un pur jeu et une fiction, relativement éloigné des ficelles classiques que l’on peut retrouver dans un jeu d’aventure traditionnel, a de quoi perturber à juste titre le téléspectateur. Les candidats ont bien évidemment disposé de plusieurs semaines avant le lancement de leur fuite pour pouvoir échafauder un plan d’action. De plus, les enquêteurs du QG sont loin d’être des comédiens. La production a ainsi fait appel à de réels professionnels qualifiés dans ce domaine, que ce soit un ancien négociateur du RAID, un ancien capitaine de police, des anciens militaires ou encore des détectives privés, afin de donner un gage de sérieux et de vraisemblance à la mission de recherche des fugitifs et donc au programme. Enfin, contrairement à ce que le programme peut laisser entendre, le QG n’a pas accès aux images des caméras de vidéosurveillance, étant donné que cela est interdit en France (contrairement à la version originale anglaise où de vraies images provenant de celles-ci sont exploitées). La production a par conséquent recours à des caméras GoPro installées en prévision d’un retrait d’argent par une équipe, d’un passage par un péage ou devant un lieu, à condition d’avoir obtenu l’autorisation en amont, sur le moment, ou après coup. Les enquêteurs font donc une simulation de réquisition pour les obtenir, dans un délai de 3 à 8 heures. Quant aux informations concernant les candidats, elles sont fournies au préalable par les candidats eux-mêmes lorsque cela concerne leur identité, ou bien obtenues de manière classique et légal par la production, sans l’ensemble des dispositions dont bénéficierait une équipe policière dans le cadre d’une véritable fuite d’un criminel.



Un jeu critiquable mais plaisant à suivre


Le nouveau jeu adapté par RMC Découverte est loin d’être exempt de tout reproche. Sur le fond, de nombreux téléspectateurs ont critiqué le caractère quelque peu anxiogène du concept du jeu, inscrit dans un contexte déjà sensible de menace terroriste, qui ne serait donc pas ce qu’il y a de plus judicieux à proposer à la télévision selon eux. Toutefois, l’adaptation française semble d’une certaine manière désamorcer cette critique de par la volonté didactique affichée par la production de montrer davantage aux téléspectateurs les méthodes employées par une équipe d’enquêteurs en cas de recherche de personne en cavale plutôt que de jouer sur certains codes de réalisation pour en faire quelque chose de sensationnel et pseudo-dramatique. De plus, ce concept à la fois simple mais original devrait certainement parler et plaire à un grand nombre d’individus. En effet, qui ne s’est jamais imaginé plus jeune dans le cadre d’un jeu dans la peau d’un bandit, contraint de s’échapper en toute discrétion afin de ne pas se faire attraper par les autorités ? On peut finalement voir en ce jeu d’aventure qu’une certaine concrétisation d’un désir inavoué comme de nombreux films et séries ont pu l’être auparavant.


Sur la forme, le parti-pris assumé par la production de l’adaptation française ne plaît pas à tout le monde, comme nous pouvons nous en douter. Bien que des éléments de contextualisation à destination des téléspectateurs aient été ajoutés, comme un message au début de chaque épisode ou des mentions brèves mais récurrentes au cours des épisodes, la frontière entre pur jeu et fiction est parfois si fine et floue que les téléspectateurs peuvent éprouver quelques doutes et afficher un certain scepticisme quant à la non-scénarisation complète de ce qui leur ait montré. D’un autre côté, cette écriture particulière du jeu d’aventure le rend d’autant plus plaisant à suivre, de par le fait que le téléspectateur se prend plus facilement au jeu à suivre la cavale de ces équipes, équipes uniquement animés par le défi que ce jeu représente à différentes échelles pour eux puisque rien n’est à gagner à la fin du jeu, et à imaginer la suite de leurs parcours à l’instar des enquêteurs du QG.




Ainsi, ce jeu d’aventure démontre que nous avons torts de ne pas accorder autant d’attention aux chaînes du fin fond de la TNT du fait qu’elles y soient, et qu’elles aussi peuvent occasionnellement mettre les moyens pour proposer, entre autre, des programmes divertissants de qualité. Sur les premières soirées de diffusion du jeu proposées jusqu’à présent, «Escape, 21 jours pour disparaître» a ainsi réuni en moyenne entre 400 000 et 600 000 téléspectateurs chaque mercredi soir, des scores quelque peu faibles mais assez satisfaisants pour la chaîne.

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