Retour gagnant pour «Pékin Express»: le jeu d’aventures de nouveau «on the road again» ?
Après quatre ans d’absence, le célèbre jeu d’aventures d’M6 «Pékin Express» a repris la route pour une onzième saison, toujours présenté par Stéphane Rotenberg. A l’approche de la fin de cette nouvelle saison, c’est le moment pour nous d’y revenir quelques instants afin de nous demander si cela a autant été une «course infernale» pour les candidats que pour les téléspectateurs.
Le jeu d’aventures par excellence
Excepté «Koh Lanta» sur TF1, il semble bien difficile de pouvoir donner le nom d’un jeu d’aventures de la télé française aussi réussi et qui a autant marqué les esprits que «Pékin Express». Adapté d’un format hollandais en France en 2006, l’émission a fait découvrir aux téléspectateurs les quatre coins du globe durant dix saisons grâce à un concept relativement simple : organiser une course de 10 000 kilomètres à travers plusieurs pays, course au cours de laquelle s’affrontent plusieurs binômes de candidats ne disposant que d’un euro par jour et par personne pour voyager, se nourrir et se loger. Outre la lutte souvent acharnée menée entre les duos de candidats dans le cadre de la compétition, le jeu se démarque notamment par la mise en lumière de la culture et du mode de vie des populations locales des pays traversés (soit une trentaine toute saison confondue) à travers les moments d’hospitalité accordée par ces dernières, toujours montrées avec sympathie et bienveillance, aux candidats cherchant un toit pour la nuit. De plus, au fil des saisons, l’émission est devenue indissociable de son animateur, Stéphane Rotenberg, ayant apporté sa touche au programme de par sa présence physique sur les étapes en tant que «directeur de course» ou à travers son ton et sa manière de narrer celles-ci en tant que voix-off du programme.
Seulement, à raison d’une saison par an, l’intérêt vis-à-vis du jeu s’essouffle mécaniquement au fil des années malgré l’introduction de nouveautés à chaque saison et la diffusion de plusieurs saisons spéciales. Ainsi, en 2014, après dix saisons à l’antenne dont une dernière saison aux audiences historiquement basses, M6 décide de mettre fin à son jeu d’aventures. Durant plusieurs années, M6 tente alors de lancer plusieurs nouvelles marques afin de remplacer «Pékin Express» en terme de jeu d’aventures, telle que «Qui est la taupe ?» (une saison à l’été 2015), «Wild, la course de survie» (une saison au printemps 2018) ou encore «The island, seuls au monde» (quatre saisons entre 2015 et 2018). Toutefois, l’ensemble de ces programmes recueillent des avis et/ou des audiences souvent mitigées, voire décevants pour certains. Ainsi, après quatre ans d’absence, le retour du célèbre jeu d’aventures d’M6 semblait inévitable. Dans une interview accordée au site «Puremédias» en juin dernier, Stéphane Rotenberg expliquait d’ailleurs «qu’on sentait depuis quelques temps que ça allait repartir, même si on ne savait pas quand précisément», ce qui explique qu’M6 ait continué de payer les droits de l’émission durant ces quatre années afin d’éviter qu’une chaîne concurrente s’empare du format, sachant «qu’à priori deux groupes concurrents ont rodé autour» selon l’animateur. Quoi qu’il en soit, même si la six mise de nouveau sur «Pékin Express», cela n’empêche pas la chaîne de poursuivre ses efforts en matière de renouvellement de ses marques, comme en témoigne l’annonce de la diffusion prochaine d’un nouveau jeu d’aventures intitulé «The bridge», dans lequel les candidats, isolés en pleine nature avec du matériel à leur disposition, vont devoir s’associer afin de construire un pont permettant d’atteindre un îlot éloigné du rivage et sur lequel se trouve un trésor contenant 100 000€, sachant que les candidats voteront pour désigner celui ou celle qui remportera le trésor une fois la mission accomplie, à moins que le vainqueur accepte de partager le trésor avec les autres candidats.
Un intérêt renforcé par de nouvelles règles
Pour cette nouvelle saison, l’enjeu était de taille pour M6. En effet, même s’il existe une demande certaine de la part des téléspectateurs autour d’un retour du programme, le faire revenir trop tôt à l’antenne aurait fait que l’attente n’aurait pas été si grande qu’elle aurait pu l’être et l’émission aurait enregistré de nouvelles contre-performances, mais le faire revenir trop tard à l’antenne aurait fait que le programme serait tombé aux oubliettes dans la mémoire des téléspectateurs, ce qui serait revenu au même résultat.
Ainsi, la production de l’émission a décidé de marquer le coup en transformant ce retour en «course infernale». Pour cela, deux nouvelles règles ont fait leur apparition au cours de cette aventure : le panneau «voiture interdite», contraignant les candidats à abandonner la voiture au profit d’un autre moyen de transport défini, et le duel final, permettant à l’équipe arrivée dernière de choisir une autre équipe à affronter au cours d’une épreuve de la dernière chance dont l’enjeu est une qualification pour la prochaine étape. De quoi maintenir jusqu’au bout la pression chez les candidats et le suspens chez les téléspectateurs. Même si ces deux nouveautés ont été bien trouvé par la production de l’émission et reviendront sans nul doute à l’avenir dans le jeu, on peut se dire que la nouvelle règle du duel final s’avère peut-être quelque peu injuste du fait qu’elle concerne tous les binômes, exceptés les vainqueurs de l’étape et de l’épreuve d’immunité, et non uniquement la dernière et avant-dernière équipe comme il aurait été plus juste de faire, sans compter que l’équipe arrivée dernière n’a même pas connaissance du classement de l’étape et ne peux donc pas le prendre en compte dans son choix concernant l’équipe à affronter. En même temps, peut-être que rien n’est trop bon pour permettre des rebondissements au cours de la compétition et maintenir le téléspectateur en haleine…
Quoi qu’il en soit, ces deux nouvelles règles s’ajoutent à plusieurs autres récurrentes introduites au fil des saisons et donnant généralement du fil à retordre aux candidats au cours de leur course, que ce soit le drapeau noir (l’équipe en possession de celui-ci à l’arrivée de l’étape est rétrogradée d’une place dans le classement final de l’étape), le drapeau rouge (l’équipe en sa possession peut pénaliser de quinze minutes d’immobilité l’équipe de son choix qu’elle croise), la balise infernale (la balise possédée par chaque équipe afin de signaler la fin de course pour la journée se met à présent à sonner à tout moment de la journée et immobilise ainsi toutes les équipes pour un temps imparti), ou encore la constitution d’équipes groupées ou mélangées. Ainsi, on peut effectivement dire que cette course a dû rapidement devenir «infernale» pour les candidats, même si elle demeure pour le moins plaisante du point de vue du téléspectateur du fait que l’issu de chaque étape est plus que jamais incertaine à chacune d’entre elles.
Une saison portée par un casting sympathique et attachant
Bien qu’une émission a tout intérêt à posséder un concept intéressant et un mécanisme de fonctionnement efficace pour fidéliser un certain public, le succès de l’émission dépend avant tout de la qualité du casting de celle-ci. Ainsi, on peut dire que l’émission doit en grande partie sa réussite cette saison à son casting.
En effet, sur les réseaux sociaux, deux binômes ont particulièrement fait réagir. D’un côté, Maxime et Alizée, une équipe que les téléspectateurs semblent avoir adoré détester, essentiellement à cause de leur attitude souvent qualifiée d’arrogante et de prétentieuse, ce qui est généralement associée au fait qu’ils soient issus d’un milieu assez aisé. On peut notamment se souvenir de ce soir de la troisième étape au cours duquel, après avoir passé la journée en dernière position et dû s’arrêter en fin de journée en pleine campagne sans aucune habitation aux alentours, le couple a craqué, déplorant tous deux d’en être réduits à dormir dans une tente, au point d’envisager d’abandonner l’aventure, une réaction quelque peu disproportionnée qui a eu le don d’en agacer plus d’un. On peut se rappeler aussi de la cinquième étape à la fin de laquelle le binôme, arrivé pourtant premier, a accepté d’attendre Medhi et Oussama afin de respecter leur promesse de laisser la victoire d’étape à l’équipe remportant le drapeau rouge, en l’occurrence Medhi et Oussama. Ce geste est d’autant plus à saluer que le binôme a été choisi pour le duel final, qu’il a finalement perdu, et a décidé de donner ses allumettes à Medhi et Oussama, pourtant indirectement responsables de leur élimination. D’un autre côté, Christina et Didier, une équipe particulièrement appréciée des téléspectateurs qui n’ont pu s’empêcher de prêter à Didier une volonté d’aboutir à un autre stade de sa relation avec Christina en participant avec elle à cette aventure, ce qui n’a pas manqué de faire sourire et rire de nombreux téléspectateurs au vue des nombreuses situations et paroles cocasses ou pouvant porter à confusion. En même temps, il faut bien admettre que ce n’est pas banal de voir un employé proposer ce genre d’expérience à sa patronne… On peut notamment se souvenir de la récompense remportée durant la quatrième étape qui n’était autre que de passer la fin de l’étape dans un hôtel de luxe dont l’ambiance «lune de miel» ne leur avait pas échappé. On peut aussi se rappeler de ce grand moment de rire partagé par le binôme lors de la première étape au moment où la patronne et l’employé se retrouvent à dormir dans le même lit, l’habitant chez qui ils passent la nuit n’ayant que ça à leur proposer.
Face à ces deux équipes, il ne faut pas oublier de saluer d’autres binômes de candidats qui ont également marqué les esprits cette saison. C’est le cas de Florian et Gabriel, duo d’inconnus particulièrement attachant, apparu suite à l’abandon d’Elodie et Gaëlle lors de la première émission et qui aurait été fort dommage de ne pas avoir rencontré. On peut notamment se remémorer la collection impressionnante de nœuds-papillons originaux de Florian, ou encore la balade tardive improvisée en ville qui se transforme, au détour d’une rue, en prise en main par Florian d’un cours de zumba lors de la cinquième étape. C’est également le cas de Medhi et Oussama, duo se démarquant par la sympathie, le respect et l’humilité dont ils ont fait preuve tout au long de l’aventure ; d’Estelle et Estelle, qui ont rayonné par leur bonne humeur à toute épreuve ; et de Maurice et Thierry, dont le père Maurice est tout de même âgé de quatre-vingt ans, un record pour «Pékin Express» et un âge plus que respectable pour accepter de se lancer dans ce genre d’aventures.
Un after soigné qui vaut le coup d’œil
Comme à chaque saison, après le récit de l’étape du jour, M6 tente de prolonger la soirée avec une fin de soirée inédite autour du jeu d’aventures. Cette année, la six a décidé de mettre les petits plats dans les grands en proposant une nouveauté intitulée «l’itinéraire bis». Pour l’occasion, la production de l’émission a fait appel à Ludovic et Samuel, deux anciens candidats emblématiques du jeu, afin de les faire grosso modo suivre le même parcours que les candidats tout en devant remplir des missions données par Stéphane Rotenberg. Ainsi, cet after permet de s’attarder davantage sur les curiosités et spécialités locales à découvrir, ici entre la Malaisie, les Philippines et le Japon, à travers le regard des sympathiques frères belges. Ce voyage parallèle à la compétition est bien évidemment entrecoupé de séquences à revoir ou de bonus concernant l’étape du jour, ce qui rend l’after encore un peu plus plaisant à suivre.